Thriller, Tome 1 en 2 parties paru chez Coolibri
mardi 4 février 2025 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
Si Michaël Mejean est artisan du bâtiment dans la vraie vie, il est aussi un bâtisseur de mots qui nous invite à nous évader au-delà du réel. Entre perte de mémoire et réminiscences, le thriller qu’il a rédigé ces dernières années ne manque pas de souffle en nous immergeant dans cet univers parallèle de l’irrationnel qui déborde les marges de la conscience.
Entre la vision paisible d’une famille idyllique et la disparition effroyable de celle-ci dans un accident de la route, l’auteur va nous faire basculer dans l’horreur absolue à l’instar de Mike, le chef de famille qui a occulté tout ancrage dans le réel.
Non seulement Mike a perdu les siens qu’il adorait mais de surcroît, il n’est plus lui-même, une nouvelle identité l’investit en lui conférant des pouvoirs hors norme.
On ne peut que son songer au roman de Stevenson Dr Jekyll et Mr Hyde où deux personnages, voire deux personnalités cohabitent dans un même être.
Ori, né de la souffrance incoercible éprouvée par Mike, devient ce monstre inarrêtable, un serial killer sans foi ni loi, totalement désinhibé. Mais Ori n’est qu’un avatar de Mike dont les souvenirs éclairants ramènent à la surface de sa conscience des fragments des jours heureux vécus avec son épouse et ses enfants.
Michaël Mejean a su créer une atmosphère étrange, fantastique, proche de celle du film de David Lynch, Muhlolland Drive, car le lecteur, comme dans ce long-métrage, est embarqué dans un cauchemar éveillé. Au fil des pages, la réalité semble parfois émerger pour nous offrir des indices quant au sens de cette intrigue qui dépasse l’entendement mais très vite, l’auteur nous ramène dans les labyrinthes obscurs de la déraison.
Et le lecteur de s’interroger, suffit-il d’un traumatisme pour réveiller le monstre qui sommeille peut-être en nous ? Voilà ce que nous suggère cet ouvrage qui nous emporte de l’autre côté de nous-mêmes en nous incitant à explorer les possibilités inconnues de notre cerveau. Les super pouvoirs d’Ori au service du mal laissent parfois place à des scènes qui frôlent le granguignolesque des séries noires mais c’est bien vers le retour à la lumière que l’on s’achemine dans la deuxième partie de ce premier tome qui nous livrera les clés de cette histoire à ne fermer l’oeil que la dernière page de ce livre une fois tournée !
Françoise Urban-Menninger
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