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Ainsi parlait Colette

Dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Pfister - éditions Arfuyen

dimanche 26 janvier 2025 par Françoise Urban-Menninger

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Dans la collection "Ainsi parlait", un ouvrage de choix vient de s’y ajouter, celui que Gérard Pfister dédie à Colette née en 1873 à Saint- Sauveur-en-Puisaye où sa maison natale nous invite toujours à renouer avec son invisible mais prégnante présence. Car la voix de Colette, dont Gérard Pfister nous remémore qu’elle a gardé toute sa vie son accent bourguignon, qualifiée par Aragon de "voix de syrinx", nous parle encore aujourd’hui.

Si Colette a transcendé l’espace-temps pour nous émouvoir et nous émerveiller, elle le doit, d’après Gérard Pfister "à sa liberté d’esprit et la puissance de son écriture, une sorte d’équivalent féminin de son contemporain Marcel Proust". Cet hommage appuyé, amplement mérité, nous invite à revenir sur les écrits d’une autrice intemporelle qui vient d’entrer "dans une phase patrimoniale" selon Frédéric Maget, directeur de la maison natale de Colette qui vient de célébrer le cent cinquantième anniversaire de sa naissance.
"Adorée ou honnie", selon Emmanuelle Lambert qui a signé en 2022 Sidonie Gabrielle Colette, l’autrice ne peut laisser personne indifférent et c’est bien ce que Gérard Pfister nous donne à entendre à travers les dits et maximes qu’il a choisis de mettre en exergue pour éclairer la personnalité d’une romancière, journaliste, mime, styliste... Sa vie même est un roman aux multiples facettes, ses différents mariages, ses aventures féminines avec, entre autres, Missy, en font un personnage hors norme propre à attirer l’admiration, la jalousie, la critique.
Gérard Pfister n’ajoute pas un livre aux titres déjà consacrés à Colette, il réactive en chacun de nous l’envie de la relire ou de la lire ! Profondément humaine avec ses désirs, sa spontanéité, ses choix, Colette nous tend un miroir, celui de nos émerveillements mais aussi celui de nos faiblesses car elle est un être authentique qui se donne tout entier dans ses écrits, même, et peut-être plus encore, quand elle use avec art et humour de cette "franchise rusée" évoquée par Gérard Pfister. "Pour tout dire, car je ne vais pas passer ma vie d’écrivain à mentir (je dis très souvent la vérité), aujourd’hui encore je n’aime pas Dumas. Je suis à la fin de ma vie et je me demande si je trouverai le temps de lire Les trois Mousquetaires." ou encore "Un sens à la vie ? Est-ce qu’on a le temps d’en découvrir ou alors d’en créer un ?"
Si Colette n’a pas la langue dans sa poche, elle l’utilise à bon escient et dénonce avec espièglerie "la domesticité conjugale" dans La vagabonde et Gérard Pfister de citer l’une de ses sorties à ce propos "Commise à perpétuer la race, la femme appartient au risque. Elle n’émerge d’une catastrophe que pour ramasser autour d’elle des débris qu’elle façonne éternellement, à tâtons et sans en avoir bien conscience, selon le symbole du nid..." Loin d’être une féministe à l’emporte-pièce, Colette est avant tout une femme d’exception dont la figure tutélaire a marqué les autrices de son temps telle Simone de Beauvoir qui écrivait à Nelson Algren qu’elle était "le seul grand écrivain femme", l’on songe également à Katherine Mansfield qui avait lu Le fanal bleu et en avait admiré la magnificence de l’écriture.
Si Colette a puisé dans son enfance, les images radieuses qui ensoleillent ses écrits, c’est dans la fin de sa vie, cloîtrée dans sa chambre en raison de son arthrose , qu’elle nous est peut-être la plus proche quand elle se confie "J’ai une bonne mémoire olfactive, qui est encore excellente, et cette pelisse modestement doublée sentait très bon, tout simplement parce qu’elle était réservée à l’usage exclusif de ma mère et que ma mère sentait bon. Ma mère, je pense, était comme les saints : elle étalait tout naturellement l’odeur de ses vertus. Elle sentait bon." Et cette évocation de sa mère qui habite ses écrits depuis la première page de ses Claudine, Gérard Pfister nous le confirme dans sa préface "C’est chez sa mère, quoi qu’il en soit, que Colette a trouvé la force de liberté indomptable, envers et contre tous ceux, hommes et femmes, qui ont essayé de la dominer."
Cette mère dont Colette tente de retrouver "sa jeune voix maternelle" est toujours audible derrière ses écrits qui ravivent sous la peau des mots le jardin de lumière où l’autrice a puisé sa source créatrice "Comment se passer de la campagne, avec cette faim de verdure qui ne me quitte guère ? (...)j’aurai du chagrin de ne plus vivre ici..."

Françoise Urban-Menninger



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