vendredi 29 novembre 2024 par Jean-François Ponge
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Quanto, 2019, 406 pp., traduction de Lucile Débrosse
Les scientifiques aiment peu se confier au profane, souvent parce qu’ils croient qu’on ne comprendra pas leur passion pour des choses qu’ils sont les seuls à croire importantes. Souvent aussi parce qu’ils ont du mal à s’exprimer dans une langue accessible à tous, ou croient tout simplement en être incapables. Hope Jahren, une scientifique américano-norvégienne de renom, spécialiste des forêts fossiles, parmi ses nombreuses thématiques de recherche, a osé franchir le pas. Son récit, écrit avec légèreté et une profonde sincérité, intéressera quiconque veut savoir de quoi est fait le quotidien d’un chercheur. Pas facile de faire sa place au soleil, surtout lorsqu’ on veut coûte que coûte aller au bout de ses idées, au risque de braver la pensée dominante. Car penser que les plantes ont une conscience, par exemple, continue à heurter l’esprit commun, même si l’idée trace peu à peu son chemin au fil des plus découvertes les plus récentes. Le courage, elle n’en manque pas, et elle a eu l’immense chance de rencontrer très tôt dans sa carrière un étudiant, doué et suffisamment original pour la comprendre, qui va tout lâcher pour elle et l’accompagnera de longues années dans ses multiples pérégrinations, pour le meilleur comme pour le pire. Et du pire, il y en a eu, tant cette femme fantasque, bipolaire de son propre aveu, et soignée pour ça, mais terriblement tenace et perspicace, n’hésite pas à braver les interdits pour faire avancer ses travaux de recherche. Au-delà du quotidien, qui peut être aussi banal que la recherche désespérée d’un tabouret pour s’asseoir, c’est tout un monde de connaissance qui s’ouvre à nous au fil de la lecture de cette confession qui n’a pas son pareil dans le monde littéraire d’aujourd’hui. Une réussite, qui on l’espère fera des petits…
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