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Journal de bord d’un tournage inachevé - Elodie Lélu

Le dernier film de Théo Angélopoulos

lundi 29 janvier 2018 par penvins

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Le dernier film d’Angelopoulos restera inachevé, il devait s’appeler L’autre Mer. Elodie Lélu aura assisté à la préparation et au tournage de ce film qui n’existe pas et tenu un journal de bord qui n’intéressera pas seulement les cinéphiles, mais tous les spectateurs de cinéma, celui d’Angelopoulos comme celui de tous les films de vrais metteurs en scène. Vous voici donc invité dans des coulisses de cinéma tout à fait particulières celles d’un cinéaste atypique : Théo Angélopoulos. A ce titre l’ouvrage mérite déjà le détour, même, surtout pour ceux qui ne connaitraient pas ce réalisateur. Le sujet du film devait être l’immigration et le trafic humain qui en découle, mais également la crise économique qui frappe le pays. Angelopoulos avait choisi de faire un parallèle entre la situation de misère qui sévit en Grèce aujourd’hui et celle qui avait inspiré Bertold Brecht notamment dans l’Opéra de Quatre sous qui devait lui servir de contre-point. C’est aussi l’intérêt de ce Journal de bord : Elodie Lélu vit à Athènes tout le temps de la mise en place de ce film et la crise bien présente comme sujet du film et qui contribue également aux difficultés financières auxquelles le cinéaste doit faire face, est partout présente dans la ville que parcourt la narratrice. Seule ou en compagnie d’Angelopoulos elle est confrontée à la misère, aux manifestations, aux tags, aux squats qui transforment Athènes et l’ont en quelques années considérablement dégradée. Elle ressent la peur de sortir de nuit dans certains quartiers et nous rapporte les réactions d’Angelopoulos qui au lieu de s’offusquer des petits délits que beaucoup d’immigrés commettent pour survivre lui dit : il faut donner des raisons de vivre à ces gens-là, parce que sinon, dans la misère, c’est normal de faire n’importe quoi. On est en plein au cœur du sujet !

La préface de G-A Quiniou résume bien l’impression que l’on aura au sortir de ce livre :Théo Angelopoulos j’ai l’impression […] d’avoir moi aussi fait partie du petit groupe privilégié […] de ses proches […] qui l’ont accompagné dans la préparation de ce dernier film au cœur de la crise grecque[…] écrit-il.

La crise grecque, voilà sans doute un témoignage de l’intérieur qui permet de mieux en comprendre l’ampleur. Théo Angelopoulos renversé sur les lieux de tournage de son dernier film, la crise grecque a retardé (panne d’une ambulance) l’arrivée des soins qui l’auraient peut-être sauvé. La misère tue tous les jours en Grèce, pas seulement les cinéastes et c’est bien le mérite d’Elodie Lédu de nous plonger au cœur de la réalité au jour le jour. Cinéphiles, Philhellènes, en lisant ce Journal de bord vous en apprendrez tant sur le cinéma et ses petits secrets de fabrication que sur Angélopoulos et sur la Grèce de 2011 qu’il voulait évoquer à sa manière si poétique ce dont il aura laissé la charge à ceux qui sont restés et dont Elodie Lélu s’est acquittée magnifiquement.

Editions Art3



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