dimanche 17 juillet 2011 par Jean-François Ponge
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Gallimard (Folio classique), 2007, 306 pp.
Deux sœurs, Justine et Juliette, toutes deux sorties (trop tôt ?) du couvent, vont connaitre des destins contraires, l’une utilisant ses charmes pour réussir dans la vie, l’autre (celle qui est au cœur de ce récit) laissant la religion guider sa vie, sa vertu restant inentamée malgré les malheurs qui vont s’abattre sur elle tout au long de sa (courte) vie. La philosophie de Sade est connue, il prend le contrepied de celle de Jean-Jacques Rousseau (l’homme est naturellement bon, c’est la société qui le corrompt). Tous deux s’accordent pour dire que la société est mauvaise, mais l’un la remet en question alors que l’autre (le « divin » marquis) l’accepte comme telle et pense que l’homme, étant foncièrement mauvais, doit en tirer le meilleur profit. Bref, le marquis de Sade, quoiqu’on en dise en bien ou en mal, est étonnamment moderne, puisque l’effondrement des idéaux issus de la vision socialisante de Jean-Jacques a aujourd’hui laissé la place à l’opportunisme et, par réaction, au fanatisme. Que l’on adhère ou non à la philosophie de Sade, il reste un récit étonnamment bien écrit (en quinze jours, du fond de sa prison !), vivant, qui se lit (presque) comme un roman policier. On a envie de la voir s’en sortir, cette belle et tendre Justine, et de voir ses bourreaux enfin punis et la vertu récompensée. Roman philosophique ? Voire, mais sans doute un excellent roman d’aventure, qui se lit d’une traite et avec un réel plaisir.
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