Voici le roman le plus surprenant de la rentrée 2011 à mon goût.
Xabi Molia imagine la France de 2013 ravagée par une pandémie qui transforme les « infectés » en morts-vivants. Paris est à la fois familier et étrange, encerclé par les « infectés », divisé entre ceux qui vivent à la surface et les groupuscules clandestins qui œuvrent pour une révolte dans les profondeurs de la ville. Le docteur Kaplan se fraie un chemin dans ces temps apocalyptiques à la recherche de sa femme disparue.

Molia lâche ses chiens dans toutes les directions, Avant de disparaitre est un roman d’anticipation qui interroge la capacité de réaction de notre société face aux cataclysmes, mais c’est aussi une réflexion élégiaque sur l’amour et une enquête presque policière à la recherche de la disparue.

Ce Kaplan qui recherche les êtres qu’il aime dans un monde ravagé fait d’Avant de disparaître un roman qui embrasse l’infini et l’infime ; il capte l’humanité aux prises avec son destin collectif et ses aventures les plus privées et les plus fragiles.

Quel plaisir de lecture que ce roman qui est à la croisée de la science-fiction (pour l’imagination débridée) et d’une tradition plus littéraire (pour la qualité d’écriture qui manque parfois aux romans de genre). Molia échappe à l’écueil de la science-fiction qui parfois échoue à donner de la chair à ses personnages. Son acuité psychologique donne à ses personnages une singularité qui les arrache au statut de simple archétype.

C’est un livre gorgé d’autres livres. La quête erratique de Kaplan rappelle celle du K. de Kafka. Le Paris assiégé de 2013 réactive des figures et des situations du Paris de 1943. Le poète Belsunce porte le nom de l’évêque qui lutta à Marseille contre la peste de 1720. Ces clins d’œil permettent plusieurs niveaux d’interprétation pour ce livre subtil qui ne se laisse pas deviner dès le premier abord.

Xabi MOLIA, Avant de disparaître, Seuil, 312 pages