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Fers - Véronique Gentil
lundi 5 décembre 2011 par penvins

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Avant tout il importe de souligner ces lignes qui donnent à l'ouvrage son titre:


on est un peu indifférent


si familier des fers


d'invisibles anneaux passent d'un poignet à l'autre[...]


Ce petit ouvrage qui nous est donné à lire comme une invitation à entrer dans les œuvres de Véronique Gentil, sans doute par sa taille même, le texte tient sur moins de quarante pages, mais aussi, évidemment, par l'enthousiasme de Lionel Édouard Martin qui signe la postface, est une formidable introduction à un auteur qui ne peut laisser indifférent.

Lionel-Édouard Martin se livre à une approche à partir de ce qu'il appelle une cohérence systémique et c'est bien sûr dans cette seule voie que peut se construire une tentative de déchiffrement de l'œuvre. En poète il s'intéresse à la démarche d'écriture. Quant à moi je tenterai de limiter ma lecture à ce seul texte et de m'intéresser plus à ce qui est dit qu'à la poétique elle-même, ou plutôt si je m'intéresse à la manière de dire ce sera pour essayer de comprendre ce que cette écriture révèle du poète, de son désir d'écrire et de la nécessité de s'exprimer que Véronique Gentil ressent d'abord en tant que peintre puis en tant que poète, sans jamais décrire. Je tenterai de mettre en avant ce que cette mystique de s'en tenir à l'essentiel, ce travail de dépouillement, cette volonté de se défaire de la chair comme tentative de dépasser les limites de la vie, nous dit de celle qui ainsi chemine à l'écart des hommes.

C'est en cela - ce retrait - qu'il y a une fraternité entre les deux poètes, mais ce qui semble un choix chez Lionel-Édouard Martin (encore que...) semble ici, plus qu'un choix, une nécessité antérieure à l'écriture.

On peut penser de Véronique Gentil qu'elle a perdu pied


Les choses autour de moi ne sont pas assemblées à même tresse, elles sont d'un lieu, d'un autre, et d'un autre, comme de petites patries étrangères


Au point que, pour elle, l'art tend à s'enfermer dans une pensée


L'oiseau de mon tableau n'est plus un oiseau, [...] il est une chose morte enfermée dans une pensée


et qu'elle doit quitter la peinture pour la grammaire


Et des désirs de grammaire viennent nous réhanter


ou ailleurs


la grammaire nous a souvent évité un désordre


Chacun entendra dans ces mots quelque chose de différent, j'aimerais cependant rapprocher quelques lignes :


Nos cellules sont pleines de poissons battus et coriaces, ils bâillent sous la conscience, ils ne veulent pas mourir

...

d'invisibles anneaux passent d'un poignet à l'autre

puis à nouveau :

le ciel fourche sur de petites têtes vides qui s'ouvrent parmi les épineux

et enfin :

elles animent des convois et des draps de deuil et de petits rouges-gorges


pour ouvrir le regard vers autre chose que la mort de la mère, thème qui est celui de Dépendances de l'ombre et suggérer que chez Véronique Gentil la mort renvoie à autre chose qu'évoquent sans doute ces lignes :


mais quand je fais tinter des couteaux dans de grosses viandes, je sais de quoi je parle


je sais aussi de quoi je parle quand je dis que la douceur ne m'est pas permise


Il ne s'agit pas bien sûr de déterrer l'indicible, laissons à Véronique Gentil ses secrets, mais seulement d'envisager des pistes de lecture de cette œuvre o combien fragmentée comme le souligne Lionel-Édouard Martin .

Voilà qui assurément donne envie de lire plus avant les textes et les tableaux de ce poète, Le Vampire Actif qui fait encore ici un vrai travail de publication (commencé par Pierre Mainard en ce qui concerne V. Gentil) est décidément un éditeur à suivre.





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