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Les Moissons de l’Exil (roman) - Muriel et Yves Carchon.

Une vision romanesque, aussi limpide qu’édifiante, de la première colonisation française en Algérie

lundi 2 février 2015 par Jacques Lucchesi

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Longtemps la France fut aussi une terre d’exil, poussant bon nombre de ses enfants à chercher fortune ailleurs. Ce ne fut pas sans propager ses idées les plus ambitieuses. C’est cette double postulation que mettent ici en lumière, Muriel et Yves Carchon. Avec la liberté offerte par l’écriture romanesque.

Dans « Les Volontaires de la Nouvelle France » (sorti en 2013), Muriel et Yves Carchon dressaient le portrait d’une génération de français que la misère et les désillusions politiques avaient poussé à s’exiler en Algérie. On était en 1848, année cruciale s’il en est. Sous la plume ondoyante des romanciers, l’historien affleurait souvent, offrant un tableau édifiant de ce que fut la première vague de colonisation du Maghreb, avec son inévitable brutalité militaire mais aussi ses rêves d’une société plus juste. Qu’ils soient ouvriers, paysans, soldats ou militants révolutionnaires, les personnages créés par Muriel et Yves Carchon vibraient déjà d’une humanité qui les rendait particulièrement attachants. Une suite s’imposait pour prolonger cette fresque historique et sociale qui se subdivisait en autant de destinées singulières. Elle est venue un an plus tard avec ces « Moissons de l’Exil », roman qui établit d’ailleurs, dans son prologue, une nécessaire liaison avec le premier opus. On y retrouve ainsi ses principaux protagonistes. Voici le dévoué Jules Laforgue, médecin du village et son épouse officieuse, la belle Justine que taraude sa passion interdite pour Moktar, le fils du cheik local. Il y a aussi Baptiste Enjalbert et son frère Philippe. Le premier va devenir maire d’Aïmïa, leur village oranais, tandis que le second épousera la jeune Anna Rivière, orpheline devenue la fille adoptive du premier, avec laquelle il va fonder une famille vigoureuse. Quant à Philibert Moranday, épaulé par Victor, Odette et Emma, ils vont créer « L’Echo d’Aïmïa », petit journal appelé à grandir et à faire résonner la voix de la démocratie dans cette communauté. Tant il est vrai que le travail de la terre, pour être primordial, ne suffit pas à donner son sens à l’aventure humaine. Et que dire du flamboyant Ange Roquette - dit le Berbère -, sinon qu’il incarne le transfuge fasciné par la culture autochtone jusqu’à en épouser la cause et combattre les troupes françaises venues mater la révolte en Kabylie ?

L’unité villageoise, difficilement établie, sera brisée une nuit d‘août 1869 par une sanglante rixe qui coûtera la vie à Baptiste et Justine. La suite ne sera plus qu’une lente extinction des acteurs de cette épopée coloniale profondément inscrite dans notre histoire récente. Les plus beaux rêves d’harmonie universelle ne survivent que rarement aux têtes pensantes qui les engendrent. Cela pourrait être la morale de ce roman qui se révèle, plus de 150 ans après les faits qu’il décrit, d’une actualité brulante. Car il est en soi une clé pour comprendre une partie des tragédies de notre XXIeme siècle.

Editions Aloès, 300 pages, 15 euros. Informations et commandes sur www.editions aloès.

Jacques LUCCHESI



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