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Remamor - Jean-Luc Lavrille
dimanche 24 août 2014 par Jean-Paul Gavard-Perret

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Jean Luc Lavrille, « Remamor », Atelier de l’Agneau éditeur, 2014, 14 €.

L’entreprise de Jean-Luc Lavrille a quelque chose de fascinant, comme toutes celles qui fonctionnent à l’obsession. Celle-ci chez lui est au départ douloureuse mais fonctionne pour la renaissance insensée d’une « fée » de deux ans. Des suites de courants blancs chargés d’euphémismes rameutent l’insoutenable, tentent d’en venir à bout en portant le poème vers une nouvelle écriture de soi et du monde. C’est en effet l’univers entier qui est réfléchi et reversé dans l’espace de l’écriture en « distorsion optique du son / lamourfou en colombages / facteur rhébus / ou docteur fomalure ». Ce qui frappe à la lecture du formidable formalisme de Remamor c’est combien s’ouvre paradoxalement un sens « gitanesque » à dimension métaphysique. La combinatoire qu’il met en œuvre parvient à penser le monde à travers une expérience première. La poésie y établit des rapports neufs entre les choses et les catégories de la réalité. Elle aide à raccourcir la distance avec la force de l’enfance.

Mêlant le connu et l’inconnu dans sa nomenclature « Remamor » perturbe les dimensions du temps et de l’existence. Le texte assemble passé et présent en associant librement, inlassablement, inépuisablement, les mêmes contraires, les mêmes antagonismes. Il les fait jouer comme chiens de faïence dans un jeu d’appels, en particulier en appuyant sur cette contradiction intérieure au monde qu’est le langage et sa clef qu’est le souvenir. L’écriture, pour Lavrille, n’est pas tant le moyen de parler la douleur, que ce qu’il y a à en voir et à en dire. Nombre de notations jouent sur l’idée que le monde va son cours en s’écrivant, qu’il est à prendre au mot et que le littéral est ce qui apparaît comme vérité du monde une poésie faite de « vers aux épis graminées ballades sans envois / renvois / lais et rondeaux mal tournés et leur / lunité ». Le poète écoute sa souffrance avec des vocables car il sait que ses maux ont un homonyme. Il trouve donc les mots pour les métamorphoser si bien que l’auteur découvre un renversement de sa pensée grâce à l’énergie cosmique du texte.

L’écriture devient la planche de salut parce qu’elle offre la chance du paradoxe, qu’elle ouvre la voie de la défaillance des choses et du temps comme si par delà la « fée » gamine le poète lui-même renaissait sur sa propre terre en parlant une langue sinon étrangère du moins étrange à ses compatriotes. Lavrille s’arme de patience en posant son index sur la tempe pour faire gicler une pensée poétique qui n’hésite pas à traquer les raisons secrètes, les causes, non vues jusqu’alors. Ce qui explique l’existence telle qu’elle est devient un « principe d’athéologie » (comme aurait dit Bataille) à des fins de cohérence qu’il suffit de dégager en remarquant que les couples d’opposés rencontrés entre la vie et la mort servent à s’adosser au sens. Et s’il y a de l’inconnu ou de l’intouchable en un tel sens c’est parce que celui-ci est à l’image de notre propre limitation.

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