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Bribes et rubis, poèmes de Martine Blanché

Recueil paru aux éditions Jérôme Do Bentzinger

mercredi 22 novembre 2017 par Françoise Urban-Menninger

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Dans ce nouvel ouvrage préfacé par Kaïlcédrat Sall, Martine Blanché peint à petites touches délicates les impressions, les couleurs, les odeurs qu’elle a gardées intactes de ses voyages en Inde du Sud ou en Birmanie.

D’emblée l’auteure nous invite par des mots enchanteurs à appréhender cet "ailleurs" évoqué par Rimbaud. On imagine, les yeux émerveillés, "la trompe ailée du grand éléphant blanc", on plonge notre regard intérieur dans "la lueur de la lune détachée sur le fleuve incendié".

Chaque poème s’apparente à un petit tableau où le moindre détail est finement ciselé à l’instar d’une enluminure. Dans Mingalabar, Martine Blanché retrace en quelques vers une atmosphère prégnante et tangible où l’on découvre dans une cour de ferme un chien qui "soigne sa morsure", "une charrette" qui "cahote sur le sable entre les palissades tressées".

L’auteure telle une photographe nous offre des instantanés lumineux, ce sont des fragments de vie que l’on perçoit à travers un kaléidoscope.

Les couleurs abondent telles ces "routes ocrées", ce "cigare de pulpe rouge", la peinture qui "s’effrite en feuilles d’or", "le lotus bleu"...

Mais l’écrivaine comble nos autres sens, ainsi "le champ de velours", "le velouté de la pêche blanche" dans Un jardin intérieur convoquent notre expérience du toucher. Les parfums, celui de "la fleur jaune" ou celui de "l’âcreté des offrandes brûlées" ont partie liée avec notre odorat tandis que notre palais est sollicité par "la pâte de crevette".

Quant à la musique, on la pressent à la fois subtile et silencieuse dans Karnataka et l’évocation magique "des danseuses de schiste".

Indéniablement, Martine Blanché crée des correspondances entre les cinq sens qui génèrent dans le poème une fête colorée, généreuse et sensuelle.
Les quatre éléments sont également de la partie, l’eau, l’air, la terre, le feu s’entremêlent comme dans le poème Tu longes les canaux miroitants où les clartés fulgurent jusque dans "les sacristies de lumière".

Tout est miroitements, jeux de miroirs, reflets d’or dans la poésie de Martine Blanché, les vers se réverbèrent dans des images à la transparence cristalline : "lustres de verres dans l’éclat des portes d’argent" ou encore "la verrière aux yeux de paon sur les piliers turquoise" dans Magie de Mysore.
Dans cette féerie, l’auteure convoque d’autres poètes comme Yvan Goll, Guillevic mais aussi des peintres pour lesquels, elle éprouve des affinités tels Monet ou Kandinsky.

Mais Martine Blanché n’est pas dupe, elle n’ignore pas que "la vie est rude au pays des couleurs" mais même si "le dos s’arrondit comme la nuque du zébu", c’est la vie qui l’emporte car "la beauté s’invite à la fête de la foule avide de vie et de pain". Et quand le temps des souvenirs vient hanter la mémoire de la poétesse, c’est dans un jardin intérieur qu’elle cueille et recueille les images de l’enfance telle "la brûlure de l’ortie sous la bâche aux mirabelles".

Dans ce recueil où les sens, les sons, les couleurs, les parfums se font écho, c’est la petite musique de l’âme de l’auteure que l’on devine assurément !

Françoise Urban-Menninger

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