dimanche 2 octobre 2011 par Xavier Lainé
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L’espoir se fait femme, à l’orient des mots
A propos de « Souffles sans âge », de Rachel Chidiac, préface de Véronique Sauger, éditions Dar Al Jil, Beyrouth, 2011.
Parfois les routes ne sont plus obstruées : mers et montagnes cèdent le passage et les rencontres improbables ont lieu.
Que pouvais-je savoir De Rachel Chidiac sinon ce qu’elle voulait bien montrer en ces lieux prétendus sociaux où chacun peut distiller à l’envie image de lui-même autre que le vrai. Mais voilà qu’en l’occurrence, le vrai pointait son nez sous l’écriture subtile. Les mots se mirent à se croiser comme d’autres, en ces lieux moyen-orientaux croisent le fer. Khalil Gibran surveillait nos échanges, d’autant que Rachel partageait avec lui ces montagnes du Nord, et Beyrouth.
Voilà qu’un jour pointe la demande d’écrire quelque chose, pour la quatrième de couverture d’un livre à venir. La plume alors s’agite au secret d’une nuit.
« Nos peines sont peu de chose lorsque les sons nous parviennent en leur harmonie de mots : ceux qu’émettent les larmes tombées sur le cristal de la vie, lente symphonie parsemée de silence et d’attente. C’est un souffle qui traverse notre galaxie, étoile filante en la voie lactée des rêves. Il a la fragrance du cèdre et ses racines plongent au fond des âges, pour que ses ramures viennent à notre rencontre. C’est ce cœur qui palpite sous la plume magicienne. Rachel ici nous accueille. Elle nous ouvre la porte d’un monde discret, tissé de cette amitié que seuls les songes savent convoquer. L’écriture alors se fait braise pour nous porter vers l’indicible. »
Je ne croyais pas si bien écrire : car c’est de braise que ce livre est écrit. Et qui d’autre qu’une femme, volonté farouche de liberté au ventre, pour écrire, du dedans, ce qu’amour et tourment génèrent de douleur et d’effroi, mais si souvent de beauté et d’allégresse ?
Or, nous savons ce qu’il en est de vouloir vivre en femme libre dans ces pays déchirés. Nous savons aussi combien sur leurs épaules frêles reposent toutes les espérances de paix dans cette région du monde en proie aux haines ancestrales, mais aussi aux ferments d’avenir, semés dans la traversée des déserts et la peur des bombes.
C’est avec son ventre et son cœur que Rachel Chidiac nous écrit. Et que sa prose poétique me parvienne, faisant de moi l’émissaire d’une jeune génération littéraire ignorée de notre monde aveugle, m’honore.
Véronique Sauger, animatrice des Contes du jour et de la nuit, sur France Musique, ne s’y est pas trompé qui dit dans sa préface : « L’écriture de Rachel Chidiac a pour permanence la générosité : elle offre en effet ce qu’elle a de plus précieux, un don intime, celui de son cœur. » Un soir, d’ailleurs cette voix singulière venue d’orient résonna sur les ondes, mais bien tard et seulement aux oreilles averties qui écoutent telle radio, hélas !
Bien sûr les réseaux du livre rendront l’aventure de la lecture encore plus périlleuse à ceux de ce versant méditerranéen qui voudrait aborder ses rivages. Il leur faudra passer commande là-bas, et attendre, l’œil rivé sur la boite aux lettres, comme je le fis. Mais quelle récompense au bout de la lecture !
Xavier Lainé
Manosque, 2 octobre 2011
Le livre peut-être commandé, en attendant sa diffusion ou sa reprise en France,
auprès de Rachel Chidiac :
rachel.z.chidiac@gmail.com
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