lundi 3 décembre 2012 par Abdelali Najah
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L’écriture de Boualem Sansal est une quête incessante d’une identité plurielle, un voyage nocturne dans l’inconscient labyrinthique d’un imaginaire figé, fouillant et qui puise l’ombre abandonnée de ses traces au fin fond des ténèbres occultées et acculturées. Un corps de verbes déracinés et une âme de mots exilés au seuil des tristes tropiques.
« Chaque écriture est singulière » nous murmure Boualem Sansal, et la singularité de son écriture réside dans un permanent questionnement problématique sur la condition humaine. Son ouvrage « Rue Darwin » qui est une fiction inspirée de faits et de personnages réels, en est la preuve maturée et suprême.
Après avoir perdu sa mère à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Yazid, le narrateur, se voit commander par la voix de la défunte à visiter la rue Darwin dans le quartier populaire de Belcourt à Alger dans lequel il a passé une partie de son enfance. La mort de la mère va amener Yazid à se donner une deuxième naissance pour survivre à ce qu’il a enterré de lui-même en même temps que sa maman. Ainsi, le questionnement des questionnements de Yazid repose sur une double vie et une double mort.
Ceci dit, « Rue Darwin » traite la question de l’illégitimité, la question de la norme sociale qui pèse et freine toute construction identitaire contraire, la question du devenir d’une sociétè déracinée par la colonisation et réprimée par le nouveau pouvoir en place. Concernant le roman maghrébin et la culture nationale, Abdelkébir Khatibi a dit :" A sa façon, l’écriture est un praxis, une action qui a à jouer pleinement son rôle.
Il suffit que l’écrivain comprenne que la culture n’est pas la volonté d’hommes solitaires, mais construction d’un ensemble de valeurs et d’idées au service d’une plus grande libération de l’homme. Dès lors, le problème se pose en termes de rapports de force. Notre culture est encore principalement traditionaliste ou imitative. Le problème est de savoir comment faire éclater cette tradition, la démystifier et trouver de nouvelles formules aptes à exprimer notre réalité et à incarner nos désirs les plus profonds."
Boualem Sansal
Né en 1949 à Theniet el Had, en Algérie, Boualem Sansal a une formation d’ingénieur et un doctorat d’économie. Il a été enseignant, consultant, chef d’entreprise et fonctionnaire au Ministère de l’Industrie algérien. Il a été limogé en 2003 pour ses prises de positions critiques contre le pouvoir en place, notamment contre l’arabisation de l’enseignement.
Boualem Sansal publie son premier roman, Le Serment des barbares en 1999 et reçoit le prix du premier roman et le prix des Tropiques. Son livre Poste restante, une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Après la sortie de ce pamphlet, il est menacé et insulté mais il décide de rester en Algérie. Un autre de ses ouvrages, Petit éloge de la mémoire est un récit épique de l’épopée berbère. Boualem Sansal est lauréat du Grand Prix RTL « Lire », en 2008, pour son roman, Le Village de l’Allemand, roman qui est aussi censuré en Algérie. Le 9 juin 2011, il remporte le Prix de la Paix des libraires allemands.
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