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En route pour Haida Gwaii de Jean-Claude Caër

Recueil de poèmes paru chez Obsidiane

jeudi 8 décembre 2011 par Françoise Urban-Menninger

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Jean-Claude Caër nous entraîne dans un périple qui nous mène sur un archipel situé sur la côte nord-ouest du Canada. Les ombres tutélaires des écrivains qu’il affectionne l’accompagnent, il leur fait signe et, à notre tour, nous côtoyons la grande famille d’écrivains tel que Thoreau, Emily Dickinson, Ted Hughes, Sylvia Plath et bien d’autres encore avant de revenir au coeur même de notre entité. Car notre vie intérieure n’est-elle pas "le théâtre de soi" ?

Jean-Claude Caër n’a de cesse d’appréhender "l’immense détresse/ Dans la maison vide./ Dans l’abîme fuyant, on ne sait où/ Face au vide stellaire, sans fond, sans commencement ni fin./" Ce vide incommensurable l’interroge jusque dans le cimetière de l’Edson où est enterré Jack Kerouac. Il recherche sa tombe en vain et finit par écrire :"Vivant, je t’aurai raté, mort tu m’échappes encore".

Dans le Massachussets, le poète évoque la hutte de Thoreau qui a disparu, dans le Sleepy Hollow Cimeterry, il espère trouver la tombe de ce dernier, celle d’Emerson, d’Hawthorne et de louisa May Alcott "l’un près de l’autre mêlés".

Le texte se tisse au fil des mots, des rencontres et des souvenirs littéraires, générant une quête initiatique qui nous remémore celle d’Ulysse...Mais même très loin de sa Bretagne natale, Jean-Claude Caër songe à sa mère alitée dans un hôpital, elle revient dans chacune de ses pensées et fait corps avec le poème :"Le monde est ma mère/ La terre est ma mère". L’auteur fait fusionner dans un même chant le souvenir des écrivains qu’il a lus et qui l’ont marqué, celle des derniers indiens qu’il rencontre et sa vie intérieure qui se met au diapason de la nature qui l’environne. L’angoisse engendrée par la maladie de sa mère se confond avec la désespérance face à un monde qui disparaît inexorablement :" Tout un héritage se consume/ en grisaille et solitude". Et cependant, c’est dans ces îles, "dans cette sauvagerie des bois" que le poète renoue avec la nature : "Les fougères géantes gorgées d’eau, / me saluent au bord de la forêt humide".

On ne peut manquer de citer Bachelard et sa "Rêverie poétique" lorsque Jean-Claude Caër nous parle de "rêve liquide" où les images belles et intemporelles prennent une dimension cosmique. L’écrivain, alors, s’efface "Vers une sorte d’oubli de soi" où la grâce et la magie opèrent, nous octroyant des brèches de lumière dans "le silence des espaces infinis". Et dans le dernier vers du recueil, l’auteur de clore : "Ma mère me cache dans son manteau de pluie" qui ferme le poème tout en l’ouvrant. Et de répéter :" Mon corps et mon esprit ont le devoir de retourner", signifiant ainsi que notre fin et notre origine confinent au-delà et par-delà les mots.

Françoise Urban-Menninger



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