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Voire - Maël Guesdon
vendredi 28 août 2015 par Jean-Paul Gavard-Perret

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Editions José Corti, Paris, 2015.

Abîmes et labyrinthes

Maël Guesdon en cinq temps reporte par son « voire » et le jeu homophonique qu’il induit le voire du voir. Le livre s’ouvre par une série de sérialités géométrique, physiques et mentales (cercle, fable, cheveux, bois, etc.) qui relient aussi divers champs où le masculin et le féminin s’interpénètrent tout en laissant non seulement le fil narratif mais ceux du ceux temps et du corps dans un mouvement de torsion ou d’ellipse.

L’ensemble crée la dérive du discours et son mystère. Des phrases sans sujet comme celles où celui-ci reste vague (« on ») jouent de l’élargissement comme de la reprise. Elle se précise plus ou moins clairement. Chaque segment phrastique bascule continuellement dans une confusion habilement entretenue : « où supprime j’ai des sensations que tu » au moment où les genres s’interroge mutuellement : « Cela fait-elle un monde. » Le texte crée des décalages propres à générer chez le lecteur le doute ou l’angoisse dans un espace livresque tout « Sauf comme habitable. » Si bien que les ouvertures ou les zones de réfléchissement créent un abîme d’impressions disparates.

Peu à peu ce qui était simplement vu ou entendu se transforme en élément plus problématique ou catastrophique (noyade, incendie) au sein d’une section seconde où le flux verbal est coupé de trous. L’être et le monde se trouvent en équilibre instable souligné par les différents régimes verbaux. Pour autant une fluidité rythmique demeure et le livre avance peu à peu vers différents « états » que le « voire » pousse chaque fois un peu plus loin par rebondissement vers d’autres horizons.

« Voire » vertèbre une vision distanciée mais profonde. L’auteur n’ajoute rien aux choses ou aux êtres mais ne retranche pas plus dans l’espace saturé ou épuré. Maël Guesdon conserve de l’apparence que ce qui en a coulé : ça transperce, ça ramasse, pénètre, glisse. L’imaginaire développe une épaisseur cachée là où la poésie en prose ne crée pas un monde de façades mais son contraire. Le réel s’ouvre, se laisse écarter par son œil reculé animé par l’impulsion du dedans. Captant de l’inadvertance l’auteur amène au point de la rencontre insolente. Plus besoin de métaphores. Évitant le récit, chaque section propose d’accepter une énigme. Portraits, paysages, actions restent toujours l’en-face qui ne se laisse pas saisir. En exhaussant ou en isolant lieux ou choses l’auteur ramène à ce qui tient du semblable et du dissemblable en des foyers singulier qui nous hantent.

Jean-Paul Gavard-Perret



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