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Faire la lumière / Vallée - J-G Cosculluela
samedi 26 octobre 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret

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Jean-Gabriel Cosculluela l’enfant d’eau

Jean-Gabriel Cosculluela, « Faire la lumière », gravure d’Anik Vinay, Editions Atelier des Grames, Gigondas, « Vallée », gravure d’Anik Vinay, Idem.

« Le poète n’est de nulle part lorsqu’il écrit ». (J-G C.)

Il n’existe nul accroc dans la soierie des voyages poétiques de J-G Cosculluela vers le silence et vers l’enfance. Un drôle d’ange le tire par les pieds vers ces contrées de terre pure et d’eau. Depuis longtemps le poète y a planté sa tente afin que ce ne soit pas l’extase du vide qui le guérisse de la maladie du temps. Tout un peuple intérieur y erre. Qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous. Le poète « écrit depuis là où il est pour aller vers là où il n’est pas. Il n’y a pas d’envers ni d’endroit : la vie s’écrit avec la mort, et la mort avec la vie. La mémoire vit et meurt avec l’oubli. Il écrit pour trouver son absence et un peu de lumière. » Vision pessimiste d’où surgissent néanmoins quelquefois le silence des chutes de neige, fleurs nées de l’espace, ondées de grâce.

En dépit de l’oubli un souvenir troue l’éternité. Il montre une voie, laisse monter la voix tout en tissant l’absence. Qu’importe au poète si « Aucun des mots qu’il écrit ne tient en place. Il est d’un lieu terreux où l’eau est venue lente, mendiante, recouvrir la terre, les chemins, les maisons, sa maison. Où l’eau est venue sans adieu ». Le poète reste à ce titre enfant d’eau dont un intrus brouilla les cartes qui lui donnaient l’atout. Mais il sut s’en passer. On voulut lui retirer la langue : il la tire comme l’escargot sort les cornes pour suppléer les silences. Des mots presque muets communiquent avec un ailleurs comme les yeux dans le rêve. D’où la sensation au réveil d’un monde plus que réel et indiquant que en l’être « la porte de la maison reste entrebâillée ». Le lecteur voit par cette blessure ouverte où paroles dansent même si le poète doit sans cesse articuler le pire dans une lucidité première. Personne derrière le poète pour tirer les rideaux, les ficelles. On tentait bien de lui donner des explications, de déplier des raisons mais Cosculluela savait qu’elles s’emboîtaient sans fonctionnement conséquent.

La parole retiré, le poète la réveille sans beaucoup d’illusion : « Il chante / A la terre seule, oh à la / terre seule je confie / ce qui m’est arrivé / nulle part sur terre ne trouverai / quelqu’un à qui le raconter ». Sa langue pénètre néanmoins dans le corps comme une épée. Le sang tourne au noir où se caressent les confins du monde au milieu des espaces liquides. Ce sont des entrailles dont nul ne voit pas le fond, mais le poète célèbre la source du premier vertige que mille vibrations de douleur lui permirent de comprendre. Il voit la présence du monde en jumeau de la nuit.

Jean-Paul Gavard-Perret



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