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La souveraine reprend son rang - Geneviève Asse
jeudi 13 juin 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret

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QUAND LA SOUVERAINE REPREND SON RANG

Musées des beaux-arts de Lyon du 28 juin au 16 septembre 2013-01-16 Centre Pompidou du 26 juin au 9 septembre 2013-01-16

La recherche de la lumière et de la transparence ainsi que de l’absolue de l’épure (sans que l’on puisse pourtant ranger cette dernière sous le registre du minimalisme) ne cessent de hanter Geneviève Asse. Son œuvre gravée remonte aux années quarante. Dès 1963 elle commence une importante collaboration avec poètes et écrivains d’Yves Bonnefoy à André Frénaud en passant par Silvia Baron, Supervielle ou André du Bouchet. Elle publie au sein de cette communauté élective un livre composé par F. DA Ros avec s. BECKETT qui est à la fois son premier livre et un parfait chef-d’œuvre du genre : « Abandonné ». S’y retrouvent l’économie du trait, le dénuement de la ligne.

Ce parti-pris d’effacement appartient au plus profond du langage de l’artiste au même titre que l’apparition, au milieu des années 1970, du bleu, de "son bleu Asse" obtenu grâce à la technique de l’aquatinte. Il constitue pour beaucoup de critiques « l’image de fabrique » d’une œuvre de peintre mais surtout de graveur. « En gravant, j’écris et à la fois je m’inscris » avoue Geneviève Asse dont le titre des œuvres sert souvent de point d’ancrage à cette inscription. Parfois ces titres font référence à la nature, Feuille, Graine, Automne, à l’architecture, Fenêtre, Ouverture, Triangle soleil, ou encore au monde de l’océan (l’artiste est originaire de la côte Bretonne), Atlantique, Ancre, Marine, la référence ultime reste la poursuite de la lumière, de l’espace et de la couleur.

Gravures, huiles sur papier ou toiles, estampes, etc. l’œuvre est multiple, mais représente toujours la rencontre instinctive, émotionnelle avec la poésie sous toutes ses formes. Une poésie qui n’ajoute rien, ne retranche rien, mais fait toucher à des images sourdes, primaires ou plutôt fondamentales. La recherche de l’équilibre dans les relations des formes avec l’espace et la lumière sur la surface de la toile est aussi une des grandes forces de l’œuvre à l’image de son grand triptyque à l’huile de 1971.

Portée au silence, l’artiste a su trouver très tôt dans le monde de la peinture, chez Chardin en particulier, une ouverture, des portes, des lointains sur un espace « autre » qui la rapproche de toute une peinture abstraite américaine de la fin du millénaire précédent - Rothko en tête. « Maintenant j’ai gagné un autre espace. Je suis entre l’objet et le reste, je suis entre les choses… » écrit-elle et elle ajoute « Arriver à une peinture, c’est peut-être cela : être dedans et dehors ».

Bernard Noël définit ainsi un tel :
« Geneviève Asse, la pointe de l’œil
Force et lumière Austérité Haute Exigence ».

Une telle exigence se charpente sur le presque rien, à des griffures, à quelques traits, parfois à un rehaut de couleur à la limite du perceptible. Il vient s’incruster dans la rétine, s’impose par la force d’une diaphanéité que l’artiste définit parfaitement « en gravure je quête le dépouillement, l’ouverture vers la lumière ». D’où l’importance pour Beckett d’une telle œuvre, d’où la rencontre inévitable entre ces deux univers d’effacement, et de disparition.

N.B. Le titre de l’article est emprunté au livre de Michel Burir et Geneviève Asse « La souveraine reprend son rang », 2004, Editions Carnet des 7 collines, 46 Euros.

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