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Le problème Spinoza - Irvin Yalom
lundi 9 juillet 2012 par Xavier Lainé

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Nous traînerons le XXème siècle comme un boulet
A propos de Irvin Yalom, « Le problème Spinoza », éditions Galaade

Au début je ne sais. Cet homme Spinoza, qui m’a poussé à acheter le livre, et que je n’ai pas lu, avec la soif, cependant.
Et puis cette horreur d’antisémitisme, propre à l’idéologie nazie, et qui refait surface si souvent, en cette vieille Europe qui ne sait comment se libérer de ses fantômes.
Sans doute, dans l’alchimie qui te conduit à poser la main sur un livre, une fois, puis deux, et à la troisième t’en saisir faut-il inclure aussi tes propres monstres : ceux dont nul ne parle, dont tu ne sauras rien sinon qu’ils se sont donné la mort pour ne rendre compte à personne de leurs actes.
Tu prends donc le livre, tu y entres, à petites doses, chaque soir.
Te voilà possédé : deux personnages à deux siècles d’intervalle, l’un questionnant l’autre jusqu’à le rendre fou tant il demeure cramponné à ses idées toutes faites.
Il lui faut bien, à défaut de se regarder au miroir de ses haines, trouver quelque responsable de son sentiment d’échec constant.
Ce qui n’est pas circonstance atténuante, mais le contraire.
Mais Spinoza lui-même, en proie à ses propres démons, parfois pris au piège de ses propres contradictions : nous voici au pied du mur. Nul n’est jamais philosophe qui croit en être, et mieux vaut polir des verres de lunettes et des lentilles astronomiques que d’être arrivé à destination en quelque « école » où les pensées s’arrêtent, virant au dogmatisme par ailleurs rejeté.
Spinoza eut le courage de ses faiblesses, mais aussi celui de s’effacer derrière ses questions et son œuvre.
Au point qu’il n’est pas facile d’en cerner le personnage, bien moins facile que de dresser le portrait de cet absurde « penseur » de la pire idéologie que des hommes mirent au point et qui conduisit à la solution finale.
Lourde tâche payée de pendaison pour un être définitivement voué à ses démons intérieurs.
Lorsque la folie s’empare d’un peuple et d’un Etat, elle conduit aux actes les plus barbares et se rend complice des pires meurtres.
Rosenberg, pourtant, dans sa volonté farouche de faire main basse sur tout ce que la population juive d’Europe possédait d’œuvres d’art et d’ouvrages, préserva, miraculeusement la bibliothèque de Benedictus ( Bento ou Baruch) Spinoza. Non par une grâce de l’esprit mais par le problème que celui-là lui posait, non au nom d’un doute contre son antisémitisme, mais en celui d’une question qu’il ne pouvait résoudre puisqu’elle était au fondement de sa haine de lui-même.
Irvin Yalom nous emmène dans cet étrange dialogue entre deux vies : l’une qui pourrait être à la source du questionnement de soi, l’autre qui, au nom de son rejet de toute spiritualité, juive en particulier, n’aura pu aller voir au fond de lui-même la mine de ses fantasmes.
Grandeur et misère du travail de soi pourraient être à la source de cette quête. On en sort plus profondément enclin à la circonspection et au doute philosophique, car nul ne sait, au fond où nos démons intérieurs sont capables de nous entraîner.

Xavier Lainé
Manosque, 8 juillet 2012

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