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Exposition - Jo Vargas
dimanche 18 mars 2012 par Jean-Paul Gavard-Perret

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LES ÉCORCHÉS VERTICAUX DE JO VARGAS.

Jo Vargas « Exposition », Galerie du CROUS, 11 rue des beaux-arts, Paris 6e. Du 27 mars au 7 avril.

Quand la nuit la prend Jo Vargas allume encore une cigarette : elle n’est qu’une silhouette incandescente au milieu de celles qu’elles dessinent et peint au sein de labyrinthes optiques. Chez elle une ligne n’est pas une ligne : elle bouge, fuit, réapparaît, elle voyage dans la nuit, regarde pousser les ombres mais ne se laisse pas abuser par d’autres stries. C’est ainsi que des visages ses forment, se déforment, se télescopent de manière kaléidoscopique avant de dresser leurs cris en noir sur le papier. Toute la nuit et jusqu’à l’aube l’artiste invente ses corps parallèles ou renversés : des oiseaux par milliers peuvent nicher dans leurs genoux puis s’envoler en une vague majuscule.

Quand l’aube de midi se hisse pesamment sur Paris, l’artiste poursuit sa quête. Comme toutes les quêtes elle est absurde mais belle comme le Graal. Aucun jour ne peut échapper à la mer de pierre où le corps bascule sur la toile ou le papier ; il attend le crépuscule dans l’aboi fauve d’un étrange opéra à double fond. Car Jo Vargas le précise en sous-titre à son exposition : « Une scène très différente se déroule derrière la cloison ». À nous d’imaginer le meilleur du pire. Pendant ce temps l’artiste incise encore des lignes, étend des taches. La souffrance procède par touches magnétiques. N’est pas sismographe déréglé qui veut : mais Jo Vargas invente des portraits en déséquilibre compensé. Parfois ils glissent. Parfois ils ont des gestes de statues nègres. Elle peut aller jusqu’au dessin des lèvres.

Dans son œuvre tout « je » est incertain. Mais créer revient à retrouver sa connivence et conjurer l’illusion des Tu mordant et leur attirance parfois trompeuses. C’est pourquoi ses œuvres ressemblent à des ruelles où miaulent d’impossibles chats. Le noir jette le doute dans un regard traqué d’amour. Les formes enseignent l’alcool des lendemains. L’artiste sait en effet qu’on ne boit jamais le vin de la douleur à coup de voluptés mécaniques : il s’abat sur soi. Dans sa prison d’espace et de temps compté l’écorchée rêve pourtant de la vitesse des flèches sans curare. Sa pensée claque – drapeau au vent, jeu spontané des lignes. Le corps voyage sur son ombre. Jo Vargas est seul est à le dompter, à le transformer en graviers d’ivoire sur des harpes de haute lisse. Surgissent des fresques d’hommes. Ces derniers progressent dans la solitude ce qui n’est après tout pas si mal.

Les mains de l’artiste tournent autour de ses spectres. Chaque toile est un lieu géométrique entre le sexe, l’amour, la vie, la mort. L’artiste y insère des entrelacs dénoués et des vagues qui tiennent même quand le présent se fend . Toute effraction laisse une trace. Chacun attend les insomnies heureuses afin que les monstres s’assoupissent. Une fois de plus Jo Vargas rêve d’un jardin étrange et d’un soleil freinant sa course pour cambrer le dos des amants buveurs d’alcôves et de mues inattendues.

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