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Mémoire de la mer, suivi de Le temps de l’amour, Pierre Zehnacker

Textes poétiques en prose parus aux éditions Homme Libre

samedi 10 septembre 2022 par Françoise Urban-Menninger

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Pierre Zehnacker, poète et nouvelliste mais aussi peintre et sculpteur, écrit comme il peint et sculpte. Ses poèmes en prose sont composés par petites touches dont les teintes et les tonalités nous invitent à explorer les abysses de l’âme humaine dans une introspection singulière de l’intime. Cette descente au fond de soi a partie liée avec ces "échos de l’enfance" "endormie à l’ombre d’anciens arbres". "Le poème modelé dans le limon du rêve" déroule les figures de l’ombre qui débordent l’inconscient du poète pour générer une infinité de narrateurs qui renvoient toujours à ce "je" prisonnier d’un jeu onirique que le langage tente de maîtriser. Pessoa ne pensait pas autrement lorsqu’il affirmait que "Nombreux sont ceux qui vivent en nous".

Le philosophe Gaston Bachelard nous l’avait dit : "La poésie est une rêverie qui s’écrit", quant à Calderon l’on se souvient du titre de sa pièce de théâtre "La vie est un songe"...
Lumineuse, la poésie de Pierre Zehnacker l’est sans conteste, néanmoins "la duperie des ténèbres" hante chacun de ses textes en prose. "Dis à mon ombre qu’elle nous laisse en paix et prête-moi ta voix pour dire des paroles de promesse et d’espérance", écrit l’auteur. Mais cette nuit qui l’habite, "cette pensée d’ombre" s’ouvre sur un sentiment indéfinissable de culpabilité, le doute y s’apparente à une blessure originelle "Une blessure dont je suis le seul à connaître la profondeur. Mais jamais je n’ai voulu guérir".
Cette descente dans les profondeurs de l’intime à laquelle Pierre Zehnacker prête sa plume devient le porte-voix de nos propres peurs, de nos angoisses mais aussi de nos désirs et fantasmes..."...nous tombons, nous tombons", s’écrie-t-il "Dans la guerre" où il précise "la guerre nous coupe la parole, la guerre nous pétrifie, et nous voyons tous ces hommes comme des morts abattus sans raison...Et de l’enfer nous sentons le feu".
Dans la deuxième partie du livre intitulée "Le temps de l’amour", l’auteur dans un texte éponyme, résume d’une phrase sa quête : "Il est parfois tentant, et sûrement dangereux, d’essayer de regarder au fond de son âme". Car tel Icare, le poète ne peut s’approcher de la lumière sans s’ y brûler. Défier les ombres qui hantent nos nuits, c’est risquer de sombrer...Car "la poésie serait-elle un miroir, ou le sombre pressentiment de la souffrance et des songes ?..." Nul doute que c’est le poème que Pierre Zehnacker interroge ! Le poème, c’est cette musique qui irradie sous la chair vive des mots, c’est aussi cette voix qui parle et s’impose jusqu’à posséder celui qui la porte dans cette pleine clarté où planent les ombres vénéneuses de la mort, de la désespérance, de la mélancolie mais aussi où l’on perçoit la beauté rêvée du monde et peut-être du "plus beau des livres" "dans les cales d’un bateau qui n’a jamais approché les côtes" ou encore cette image intemporelle de "deux papillons posés sur une fleur fanée". Dans le texte intitulé "Sois ma douleur", on retient cette magnifique assertion "Nous ne sommes pas nés pour différer de vivre". Et plus loin, l’auteur de nous ramener de l’ombre à la lumière dans ce jardin lumineux de l’être où "Chaque matin est une enfance, l’éclosion d’un songe, un miroir dont se nourrissent les fleurs".

Françoise Urban-Menninger

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