Par petites touches Julien Dieudonné évoque ce qu’il reste de l’enfance avant qu’elle ne s’en aille, une époque où l’on aime encore jouer et où l’on commence à s’intéresser aux filles (à une fille). Le goût des bêtises, l’inconscience du danger, la confrontation à la perversité des adultes, mais aussi la méchanceté gratuite des enfants, chaque chapitre nous renvoie à l’insouciance des jeunes années quand nous ne prenions pas la vie tout à fait au sérieux. Alors que le narrateur se laisse emporter petit à petit du côté des adultes, Pierre lui, l’ami d’enfance, reste indifférent à la passion amoureuse :
Mais si elle elle ne m’aime pas ?
  Hein ? il a marmonné Pierre.
  Emilie, si je lui dis et qu’elle m’aime pas.
  Ben c’est qu’elle t’aime pas, il a dit. T’es fixé, tu passes à autre chose.

Le départ de Pierre
Et puis Joseph a été nommé inspecteur à Besançon et Pierre a dû déménager
marquera la fin de l’enfance
Au-dessus de ses lèvres, il y a l’ombre d’un début de moustache.

La nostalgie emporte le lecteur et lui rappelle la spontanéité, mais aussi les difficultés d’être encore un enfant soumis à la bêtise des adultes. D’Elis-Johan n’est-il pas dit :
qu’il avait souvent envie de tuer son père, un sacré gros connard qui passait son temps à l’insulter et à le traiter de faignant et de bon à rien.

Premier roman de Julien Dieudonné, et deuxième roman chez Signes et Balises, après Je ne sais même plus quelle tête elle a de V. Willmann Ruleau, L’Ami d’enfance rejoint le catalogue de cette petite maison de qualité. A lire avec tendresse !