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Poème - Amine Braikia
vendredi 4 décembre 2020 par Abdelaziz Ben Arfa

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Analyse d’un poème par : Abdelaziz BEN ARFA"

J’ai éprouvé une certaine joie à lire le poème de Amine Braikia (un tunisien qui vit à Londres). Ce poème tend à suggérer son contenu, à jouer sur plusieurs registres et à envelopper de clair-obscur le message qu’il véhicule : apparemment, le poème retrace, succinctement, la biographie mouvementée de l’écrivain algérien, Yasmina Khadra, en survolant rapidement les romans de cet auteur. Ce romancier a choisi de "féminiser" son nom en optant pour ce pseudonyme : "Khadra", qui veut dire en arabe ’’vert". Or, La Tunisie est souvent désignée par cet adjectif "Khadra" qui suggère la verdure foisonnée de ses terres. Toutefois, cette Tunisie a connu ces dernières années des bouleversements profonds. Il semble que ce poème symbolise le destin de la Tunisie apparentée au récit biographique quand on survole les romans de Yasmina Khadra. La subtilité du poème réside en ce jeu sur les deux registres : il évoque à la fois la biographie de cet auteur et le destin de ce pays et celui de l’Algérie aussi. Par sa plainte, ce poème élégiaque critique une situation qui s’était empirée, à la fois dans le passé et le temps présent, les endroits cités, et les événements rapidement esquissés.

Il existe une homologie structurale entre ce survol, cette rapidité, et l’accélération rythmique qui scande le poème. Cette accélération est engendrée par les volumes brefs des courts segments et le découpage des phrases. Les vocables, choisis pour conférer aux distiques des vers des rimes binaires, sont engagés moins pour leur contenu sémantique que pour rendre une certaine régularité réitérée.

Poème élégiaque / une dénonciation pamphlétaire :

La nostalgie et la mélancolie sont parmi les thèmes qui donnent le ton de ce poème. Une élégie sombre et méditative : Cette tonalité élégiaque est souvent rendue par des tours interrogatifs : Qui a pu cacher mes lettres ? Je n’arrive pas à l’admettre. Cette dénonciation s’adresse-t-elle avec vigueur à une personne ? Au régime ? À l’institution en place ? Pour le moment, nous ne le savons pas encore. En fait, ce poème débute par une plainte, voire une satire, par dénoncer un comportement. Cette tonalité élégiaque et satirique, à la fois, est rendue par une poignante question, qui ne va pas être la seule, mais se prolonger à plusieurs endroits du poème.

"Lettres/ admettre" : notons la rime, l’homophonie qui s’étend sur deux syllabes. Des fois cette homophonie entre les vocables prend la forme d’un calembour : jeu de mots fondé sur une différence de sens entre deux mots de prononciation similaire (ou, comme ici, en partie) : "se fane ? /La Havane "Mais pourquoi cette ville se fane ?" Dieu n’habite pas La Havane" L’on pourrait parler de rime équivoquée, susceptible de plusieurs interprétations : /// (Lettres ? /admettre) ; (Réunis /punis) ;(Morsure/tournure) ;(Oranaise /à l’aise) ; (Toujours là/n’y ive pas) ; (Kaboul/ foules) ;(D’en haut/ mots) ; (Pas / K) ;(Mirage / partage) ;(Bagdad/ malade) ;(Fortune / infortunes) ; (Moi /émoi) ;(Me dit-elle / c’est cruel) ;(Quoi ? / moi) ;(Léger /soirées) ; (Autour/tour) ;(Papa /moi) ;(Retenir / partir) ;(Patrie/ fratrie) ; (Anges /dérange) ;(Cures /blessures) ;(L’attentat / se bat ?) ; (Se fane ? / La Havane) ;(La poisse /l’angoisse ?) ;(Africaine/ peine) ; (Indépendance / récompense) ;(Singes ? / linges) ;(Effraie / pré /Rais) ; (Vie/ manuscrit) ;(Destin / main) ;(Amis/meurtri) ;(Quoi ? / moi) ;(Mémoire/ te voir) ;(Rochers / Méditerranée) ;(Pas / Blida) ; (Chercher / léger) ;(Fidélité/ félicité) ;(Fuit /nuit) ;(Pluie/ oublis) ///

Ces distiques de vers et cette homophonie qui s’étend sur les deux syllabes qui fondent la rime forment une dualité polaire : souvent, c’est une opposition qui est exprimée entre : "Indépendance / récompense" Cette dualité polaire de la forme traduit un écartèlement entre l’ici algérien et l’ailleurs européen, au niveau de l’espace et une dichotomie temporelle entre une époque du passé et une époque actuelle. Nostalgie du passé, dénonciation du présent.

Donc, le moi de cet énonciateur du poème est un moi clivé, blessé. Ce qui accentue ce clivage c’est l’usage des interrogations qui expriment une angoisse, mais aussi un étonnement réprobateur. L’énonciateur ne possède pas une réponse à ses angoisses. Il est désorienté plus qu’il n’est orienté. Il ne sait pas s’il doit cheminer vers le passé ou vers le présent, vers l’ailleurs ou vers l’ici. À tous les niveaux de la forme et du contenu, rythmique, syntaxique, sémantique, ce poème exprime une indétermination.

Conclusion
Je ne pense pas avoir passé en revue toutes les composantes assez subtiles qui restent dissimulées à mon humble analyse. Simplement, ma lecture a savouré ce poème. J’ai tenté d’argumenter cette joie que j’ai éprouvée à sa lecture. À mon sens, la qualité intrinsèque de ce poème réside en ce qu’il homogénéise forme et contenu ; chaque niveau répercute l’autre à sa manière. La dualité polaire, le clivage du moi, et son indétermination à choisir, l’écartèlement entre l’ici et l’ailleurs, le tiraillement entre le passé et le présent, la satire qui dénonce et l’élégie qui se lamente, la nostalgie qui se souvient et le constat qui se fait du présent, autant de composantes qui s’opposent et de thèmes qui s’interposent en une symphonie qui homogénéise l’hétérogène et structure la veine de ce poème.

Analyse d’un poème par : Abdelaziz BEN ARFA"


Poème traduit du français à l’arabe par : Abdelaziz BEN ARFA
نال هذا القصيد رضا االكاتب الجزائري الشهير"يسمينة خضراء".
هو قصيد يختزل مسيرة هذا الأديب ؛وهو قصيد يحاول الالمام بجلّ ما احتوت رواياته من مضامين .ولكلّ رواية من رواياته متعتها ومذاقها العذب .


من أخفى رسائلي ؟
إنّي لا أستطيع استساغة ذلك /
وإذا كانت الحرب قد جمعتنا فالاستقلال قد عاقبنا /
عشت العناق و تذوّقت اللّسع والنّفاق /
وكان بوسعي أن أختار،أنعم بقبلة معطّرة بأريج وهران /
أو كنت خيّرت مرسيليا وأهجر المكان /
فربّما كان ذلك أهنأ لي (أسعد لي )
إنّ الجرح مازال ينزف وحتّى الزّمن لم يقدر على تضميده /
وحدها طيور الخطّاف المحلّقة فوق سماء كابول تقدر أن تتلافى الالتحام بالجموع /
فهي تستطيع أن تشرف على تلك الجموع من حالق من فوق من أعلى/
وتتغاضى عن مزالق الكلمات /
وحتّى لاألاقي حتفي قبلت بالنّزول عند رغبة ابنة عمّي الخضراء /
كانت تطمح في الحصول على السّعادة والجاه والثّروة /
بلوغ قمم الألمب فإذا بها تهوى عند أسفله /
ما جرى سببه أنا ،ما جرى هومن أجلي أنا /
أساها ضاعف أساي/
بماذا تحلم الذّئاب تسألني ؟/
نعم أفهم مقصدك يا خضراء يالها من قسوة موريست عليك /
كانت المسكينة تمثّل سرابا يغذّي مخيّلتي
عندما يشتدّ بي الظمأ إلى الحبّ وإلى التّفاعل مع الآخرين /
كما فعلت حوريات البحر ببغداد ،أغرت أفرادها بالإنجذاب فأوقعتهم في اليمّ /
كذا ،هي عاشت حبّا مخادعا عليلا/
خلال تلك الأماسي العطرة/
وفريق الأصدقاء يتحلّقون من حولي والكأس تدورذات عشيّة/
وفي عديد العشوات /
وكنت أكتم ذلك عن أبي لأنّه يأبى ذلك /
كان بالإمكان شدّك إلي هنا ومنعك عن الذّهاب /
كان بالإمكان أيضا أن أختار الرّحيل /
والتنكّر لوطني المسكين وقطع وصل الحنين /
لذا عوّلت على الملائكة وتجنّبت إزعاجهم /
ذلك ما أدركته وأنا أتعافى في فترة نقاهة من علّتي /
إنّ الملائكة تموت مضرّجة بجروحها /
في الصّباح يعلنون عن الإغتيال /
وفي المساء يبحثون عّمن يطلقون عليه بنادقهم ويناصبونه العداء/
ولكن لماذا نرى هذه المدينة تذوي؟/
ولماذا لا ينزل الله بركته عليها ؟
/ ذلك ما أسرّبه صوت ظلّ يلازمني كظلّي /
احتشدت جيوش الهمّ تحاصر المكان/
إنّما ذلك هو معنى المعادلة الإفريقيّة /
هي لن تحلّ طالما هي غير عادلة /
الكلّ تضامن عند الإستقلال وانحلّت روابطه ساعة المكافأة والإقتسام / ولكن ماذا ينتظرون هؤلاء القردة ؟/
حين يمضون وقتهم في نشر غسيلهم ./
وهم يطلقون نداء الإستغاثة مستنجدين بمن روّعهم /
ذاك الّذي أطردوه بالأمس من مزارعهم . /
عشت تلك اللّيلة الأخيرة لرحيل "الرّايس" /
وشاهدت جموع المنافقين الذين يكنّون له الحقد /
أتعلم ؟أنا لا تعجبني هذه الحياة ./
أعنّي على العثور على المخطوط ./
سوف نخطّ الحروف على سجلّ مصيرنا ،معا /
وأيدينا متشابكة متضامنة مع بعضها بعضا /
أيّها الأديب ،هكذاينادونني الأصدقاء ./
ريشتك تكتب بأسلوب جميل أخّاذ ./
وفؤادك ينزف وجعا وألما /
وأنت ،أين أنت الآن ؟/
وفيما أنت منهمك ؟/
أكيد أنّك تذكرني./ أنا خليل ،التّائه اسمه عبر سراديب الذّاكرة ./
وهو مازال على عهده يلامسك ،ومازال بصره يرحل ليراك /
يجلس على قمم الصّخور الرّابضة فوق الرّبوة المطلّة على المتوسّط ./ وهو مازال يدلف يدلف على نفس الأرض /
ويسألك أما زلت تتذكّرين زهور مدينة "البليدة " ؟/
يا جميلتي ،سوف آتيك باحثا عنك /
وسوف أقتفي ما يتضوّع من عطر لطيف يدلّني عليك /
لقد وعدتني بالصّبر و الوفاء /
وبادلتك الحبّ والهناء/
أنا مدين لك بالإنسان الذّي يهرب منّي ./
وبما يدين به اللّيل للنّهار./
وسوف نظلّ عاشقين لبعضنا /
تحت نور الشّمس تحت تهاطل الأمطار./
وسوف نرمي بحفنة من الملح لنطرد شبح الغربة والعزلة والنّسيان ./
أمين برايكية 3 نوفمبر2020µµ
ترجمة : عبدالعزيزبن عرفة
(.....)


Poème d’Amine Braikia :
Mon nouveau poème validé par notre grand Yasmina Khadra Mohamed Moulessehoul -Yasmina Khadra. Quel bonheur !
Ce poème est pour lui et son histoire unique. Ce poème regroupe les titres de ses romans... Chacun est un régal ! Merci Yasmina
Pour toi, Yasmina
Qui a pu cacher mes lettres ?
Je n’arrive pas à l’admettre
Et si la guerre nous a réunis
L’indépendance nous a punis
J’y ai vécu le baiser et la morsure
J’aurai préféré l’autre tournure
Un baiser mouillé à la brise Oranaise
Ou à Marseille, j’y serai à l’aise
La déchirure est toujours là
Et même le temps n’y arrive pas
Seules les hirondelles de Kaboul
Peuvent éviter les foules
Les regarder de loin, d’en haut
Et ignorer l’imposture des mots
Alors pour que je ne meure pas
Je me suis résigné à ma cousine K
La pauvre était mon mirage
Quand j’ai soif d’amour et de partage
Tout comme les sirènes de Bagdad
Elle eut un amour malade
Elle cherchait bonheur et fortune
Elle a fini dans l’olympe des infortunes
Tout c’est à cause de moi
Son chagrin a doublé mon émoi
A quoi rêvent les loups ? Me dit-elle
Je te comprends K. Oui, c’est cruel
Et toi ? Tu es où, tu fais quoi ?
Tu te rappelles certainement de moi
Je coule dans ton parfum léger
Qui a balancé nos soirées
Et la bande d’amis autour
Etirait le crépuscule d’un tour
Et me cachait de ton papa
Qui ne voulait pas de moi
J’aurais dû te retenir
Ou peut-être partir
Renier ma patrie
Et oublier ma fratrie
Alors j’ai compté sur les anges
Je n’ai pas voulu qu’on les dérange
Et là je l’ai su pendant mes cures
Les anges meurent de nos blessures
Le matin on annonce l’attentat
Le soir on cherche contre qui on se bat ?
Mais pourquoi cette ville se fane ?
Dieu n’habite pas La Havane
Me chuchota la voix de la poisse
Où est l’armée de l’angoisse ?
Et c’est le sens de l’équation africaine
Inéquation plutôt, tant qu’elle peine
Tous unis pour l’indépendance
Et éclatés pour la récompense
Mais qu’attendent les singes ?
Quand ils lavent leurs linges
Ils appellent celui qui les effraie
Le même qu’ils ont chassé de leur pré
J’ai vécu la dernière nuit du Rais
Et les hypocrites qui le haïssent
Tu sais ? Je n’aime pas cette vie
Aide-moi à chercher le manuscrit
On réécrira ensemble notre destin
On y ajoutera “main dans la main”
L’écrivain, m’appellent les amis
La plume est belle, le cœur meurtri
Et toi ? Tu es où, tu fais quoi ?
Tu te rappelles certainement de moi
Moi, Khalil, qui se perd dans ta mémoire
Et qui continue à te toucher et à te voir
A s’asseoir sur les mêmes rochers
De cette colline face à la Méditerranée
Et à marcher sur les mêmes pas
Tu te rappelles de La rose de Blida ?
Ma belle, je viendrai te chercher
Je suivrai l’odeur de ton parfum léger
Tu m’as promis patience et fidélité
Je te dois amour et félicité
Je te dois l’homme qui me fuit
Et tout ce que le jour doit à la nuit
On s’aimera sous le soleil ou la pluie
Et on lancera loin le sel de tous les oublis

Amine Braikia, Le 13 Novembre 2020

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