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Nous avons la mer, le vin et les couleurs - Nikos Kavvadias
jeudi 29 octobre 2020 par penvins

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L’approche de Nikos Kavvadias se fait difficilement son œuvre étant peu volumineuse : un roman, quelques nouvelles et des poèmes, aussi la possibilité de lire divers éléments de sa correspondance nous éclaire-t-elle un peu sur le personnage et ses relations avec la mer. Signes et balises a réuni en un même volume la correspondance avec Karagatsis, celle avec Tsénia, la sœur de l’écrivain et Elsa sa nièce, et enfin celle éditée à Athènes en 2018 regroupant différents autres échanges épistolaires.
1934-1974 quarante années de l’histoire de la Grèce et de sa marine, mais surtout toute la vie d’un marin qui fuit et qui ment pour ne pas avoir à affronter ses remords.
Le mal du départ me ronge […] Plus jamais je n’endosserai le rôle de victime - c’est plutôt vous qui avez été mes victimes.
Kavvadias ne cesse de l’écrire, il se reproche d’avoir fait du mal à sa famille. De n’avoir pas été à la hauteur de ce que l’on attendait de lui ?
J’ai vraiment cru être amoureux, une fois, mais réfléchit : je mesure 1,53m. Au fil de ces correspondances Kavvadias se dévalorise. Les « belles filles » m’enflamment, mais elles ne sont pas pour moi. J’ai les mains affreusement sales. Il y a bien sûr ce sentiment de ne pas savoir aimer les femmes, mais cet amour de l’échec est comme une seconde nature, ainsi à Karagatsis :
[…] toi qui écris toujours des choses profondes et de haute volée. Pardonne-moi si tu trouves ma lettre insipide et banale.
Comme si d’avoir dû abandonner ses rêves de notabilité, il avait commencé des études de médecine et les avait interrompues à la mort de son père, le plaçait désormais hors de toute respectabilité. Matelot, puis radiotélégraphiste Kavvadias, volontairement ou non, s’éloigne de la bienséance, ne s’en estime pas digne... mais il regrette l’univers familial au point d’entretenir une correspondance avec une petite fille, sa nièce, dès ses 3 ans.
Pourtant Kavvadias ne conçoit pas de ne pas fuir le confort, il voit dans sa fuite en mer une lâcheté indispensable à la vie. Est-ce de la lâcheté ce que j’éprouve chaque fois que je pars ? Je n’en sais rien […] Si tu ne donnes rien, tu ne reçois rien. [...] L’employé qui va au café tous les soirs et vois à longueur d’année les mêmes arbres poussiéreux mourra tout comme moi qui […] me trouve à quelques mètres des icebergs […]. Justification sans doute, mais aussi liberté indispensable au poète :
Supprimer ceux qui se sont ri de nous, mais aussi les fourbes, la routine, la séduction, l’histoire et tant d’autres choses. Mais le sens commun l’emportera toujours. Alors que c’est de lui que nous devons nous protéger.
Kavvadias avait écrit à Karagatsis : Pour trahir, il faut d’abord aimer. Je n’ai jamais eu la chance d’être trahi, ni d’être aimé. Cette vérité-là qui est au centre de son œuvre et de sa vie dit aussi qu’il a beaucoup aimé ceux qu’il a le sentiment d’avoir trahis, elle dit encore la nécessité de la rupture avec le cocon familial. Et lorsqu’il verra venir le jour où Elga le trahira, il sera "parfois" très heureux qu’elle soit partie : Celui qui ne part pas le regrette. Telle pourrait être la leçon de celui qui ne voulait pas faire de la mer un métier tant il l’aimait.



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