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Grâce, poèmes de Jean Mambrino

Ouvrage paru aux Editions Arfuyen en septembre 2009

lundi 26 octobre 2009 par Françoise Urban-Menninger

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Qu’est-ce que la grâce ? Telle une auréole de lumière, ce mot imprégné d’un ailleurs idéfinissable, affleure et se pose avec bonheur sur la couverture du dernier recueil de poèmes de Jean Mambrino. Avec la légèreté d’une danseuse, la grâce se déploie dans chaque poème, se propage de page en page, traverse le papier pour nous envahir d’un charme à nul autre pareil.

Né en 1923, Jean Mambrino a passé son enfance à Londres, le STO le mènera en Dordogne où il sera bûcheron. En 1954, il est ordonné dans la Compagnie de Jésus. Professeur de théâtre à Metz, il rencontre Jean Dasté et se lie d’amitié avec Rossellini et Comencini. Lors de ses séjours à Londres, il fréquente T.S Eliot et Kathleen Raine qui, à 95 ans, traduit avant sa mort "L’Hespérie, pays du soir". Ce sont René Char et Jules Supervielle qui font paraître ses premiers poèmes.
C’est dire ici un parcours littéraire particulièrement riche et heureux et pourtant Jean Mambrino demeure un poète méconnu...
Peu importe, lire "Grâce" offre au lecteur sensible de purs instants de grâce car le poète apaisé, proche de sa mort, écrit dans la pleine lumière de l’âme, au plus nu de son être, dans cet entre-deux où vie et mort confinent.
L’espérance de la "sur-vie" anime chaque poème, elle en est le souffle qui nous élève vers "la cime du repos". Même pour un non-croyant, le charme opère car nul ne peut rester insensible à la beauté du monde "que l’invisible apporte à nos yeux".
Sur le ton de la confidence et de l’aparté, Jean Mambrino s’adresse à notre être intime : "Entre, et ne crains pas", nous dit-il. Et c’est en nous-même qu’il nous invite à entrer car c’est en nous que naît la lumière : "Ce n’est pas la lumière/ qui entre dans ton regard/ c’est elle qui sort de tes yeux".
En se délestant des contraintes matérielles de toutes sortes, Jean Mambrino se libère également du poids des mots. Ses vers courts ne pèsent plus rien. Aériens, il effleurent les pages pour venir susurrer à notre oreille "le langage/ reçu d’en haut", qui tel un bourdonnement d’abeilles nous entraîne dans une ruche d’or et de miel.
"Nul n’est condamné", écrit encore le poète, "les trésors sont partout", ajoute-t-il. Nul doute que "Grâce" nous éclaire "au bord de l’origine/ quand la terre/ se fait chair". Ce recueil précieux entre tous est à lire avec les yeux de l’âme, très loin du fracas du monde et de sa cacophonie assourdissante car "Le lieu de l’âme/ est son mystère".

"Une fleur s’élève,/
dans le soir,/
bénit en rêve/
l’immensité./

Sans bouger,/
sa couleur/
suffit/
comme ostensoir./"

Françoise Urban-Menninger

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