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Lisières du givre de Tarjei Vesaas, poèmes parus aux Editions Grèges

Traduction du néo-norvégien par Eva Sauvegrain et Pierre Grouix

mardi 13 janvier 2009 par Françoise Urban-Menninger

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Dans les frimas de ce mois de janvier 2009, il est presque de circonstance de lire ou de relire les poèmes de neige et de glace de Tarjei Vesaas. Cette lecture de saison, qui a partie liée avec les paysages extérieurs et notre imaginaire, mettent en symbiose le chant profond de notre âme avec celui de la nature :"-et sentir aux tréfonds de l’âme/ qu’on est vraiment chez soi/ tout le temps, tout le temps/ jusqu’à l’extinction/ de nos coeurs de terres intérieures".

Dans le poème "Neige sur un visage", cette osmose entre la nature et l’âme humaine génère des images de chair et de lumière, fulgurantes de beauté et de clarté :"lentement, la neige s’écoule de son menton,/ l’égratignant doucement de son fouet/ d’étoiles. Sa joie traverse la nuit nue. Son visage/ brûle sous la neige fondue".
Mais l’écriture se délie pour s’aventurer au-delà même du corps pensant, sa musique transcende l’espace et le temps pour délivrer une autre forme de langage qui parle à notre inconscient et réveille notre être profond :"Clic-clic, parole de congère, que nul n’entendait/ sinon les élus dans les bois".
Peut-être est-ce là le destin du poème, être ce lieu de passage qui traverse l’invisible pour aller vers "ce que les mots ne sauraient dire".
Tarjei Vesaas entraîne notre esprit sur ces lisières "dans le plus sombre du sombre" car nous avons besoin de cette errance tout au bord du monde pour appréhender "la mort avant que nous mourions". Les poèmes de Tarjei Vesaas nous préparent au "voyage inconnu", ils nous aident à dessiner les derniers confins de notre esprit "là où il n’est plus de rêve". L’angoisse du questionnement semble disparaître lorsque l’auteur renoue avec la nature qui devient la réponse à ses peurs secrètes, elle lui permet de retourner sur les terres apaisantes de son enfance :"Tu es assis dans le coin de soleil/ de ton enfance lorsque l’appel surgit". Mais "Le coin de soleil" éclaire aussi dans l’ombre cette "mort profonde, glacée et solitaire" qui givre jusqu’aux lisières de l’âme du poète. Impossible d’échapper à cette dialectique car se réchauffer au soleil des mots, c’est inexorablement se rapprocher de "notre abîme du dessous".

Françoise Urban-Menninger

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