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La mort de Louis-Ferdinand Céline - D. de Roux
vendredi 19 décembre 2008 par penvins

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J’ai choisi de présenter Louis-Ferdinand Céline docteur Destouches en empiétant sur le problème de la Littérature aujourd’hui, puisqu’il fut tué par ses confrères, par cette confrérie de petites gens ligués ensemble (à chaque époque) pour se prouver du talent et chasser l’homme libre...

Dominique de Roux écrit ceci en 1966, Céline est mort depuis 5 ans. Pour qui, aujourd’hui encore, ne connaît rien de Céline ou bien n’a lu que Le Voyage au bout de la nuit et/où Mort à crédit, qui a bien sûr entendu parler des pamphlets et s’est fait une opinion définitive de l’homme, ce petit livre est indispensable.

Livre polémique, comme on le voit, qui intervient à une époque où Céline n’a pas encore fait l’objet d’une abondante littérature, même si D’un château l’autre avait en son temps connu un certain succès, l’auteur sentait le soufre et le scandale qui pesait sur ses épaules ne profitait pas à la diffusion de son oeuvre.

Pourtant Céline avait tout fait pour retrouver le succès, inventer un nouveau style et travailler jusqu’à l’épuisement chacun de ses mots

Voilà pourquoi ce qu’écrit Dominique de Roux est important, à la fois parce qu’il ouvre la voie à une redécouverte de Céline à un moment où tous ceux qui n’ont pas son talent essayaient d’enterrer l’oeuvre avec l’homme, mais aussi – mais surtout pour nos contemporains – parce qu’il donne de l’auteur une vision complète : D. de Roux n’écrit pas une biographie de Céline, il tente une approche de l’homme-écrivain au plus près possible de sa sensibilité, raison pour laquelle il ne dit pas simplement Louis-Ferdinand Céline mais, Louis-Ferdinand Céline docteur Destouches. Céline ce n’est pas seulement un texte, c’est un texte écrit par un homme qui a vécu de 1891 à 1961 et s’est battu farouchement pour sa liberté de dire et de dire envers et contre tous aussi bien quand il allait dans le sens du plus grand nombre que lorsqu’il allait contre.

Céline l’homme profondément blessé lorsque Sartre dit qu’il était payé parce que justement – et malheureusement – il pensait profondément ce qu’il disait et n’avait nullement besoin d’être payé.

Dominique de Roux – comme de nombreux admirateurs de Céline est mu par une certaine idée de la France et du français, une idée d’Ancien Régime – qui lui donne une lucidité particulière sur les dérives littéraires d’après-guerre : En vingt ans, la littérature française s’est soustraite à la vie..., il met le doigt sur l’essentiel, si Céline est scandaleux c’est qu’il est vivant, qu’il ne fait pas de la littérature – comme beaucoup d’écrivains de son temps en ont fait ainsi que le gueule Antonin Artaud : Tous ceux qui ont des points de repère dans l’esprit, je veux dire d’un certain côté de la tête, sur des emplacements bien localisés de leur cerveau, tous ceux qui sont maîtres de leur langue, tous ceux pour qui les mots ont un sens, tous ceux pour qui il existe des altitudes dans l’âme (...) sont des cochons. (Le Pèse-nerf). Ce que crie Céline sort de ses tripes : C’est son lyrisme qui donne à Céline l’ampleur authentique, un nom destiné à assumer dans son intégralité la génération qui disparaît.

L’analyse est pertinente parce qu’humaine, Dominique de Roux n’oublie pas que L-F Céline avait fait sa thèse sur Semmelweis, il est ce médecin qui A trente-cinq ans, plus pénétré que quiconque du sens de la mort, seul comme on ne peut l’imaginer […] commença d’écrire. il décrit cette folie des pamphlets comme un abandon de la littérature dans l’urgence, la révélation du mensonge stalinien : Il y interpellait ses amis : Comment avait-on pu leur faire avaler ça ?

Après Le Voyage et Mort à crédit il y a bien sûr les pamphlets que le biographe-poète replace dans leur contexte, après ce livre de mort et de négation - Mort à Crédit - vient le retour d’URSS et la déception , la conscience de l’imminence du désastre : Notre civilisation semble bien coincée dans une incurable psychose guerrière. écrit Céline et dans un raccourci D. de Roux semble le dédouaner de son antisémitisme : Le Juif, pour lui, c’est le fournisseur du casse-pipe, ce que la voix populaire appelle les marchands-de-canon, les deux-cents-familles.

On peut penser que ce n’est pas si simple, que ce que Céline avec d’autres, reprochait au Juif, bouc émissaire idéal, ce n’était pas seulement l’argent et l’incitation du Capitalisme à la guerre, c’était plus profondément d’être l’Etranger, celui qui n’a rien compris à la civilisation courtoise, celui qui - pour toujours - détruit l’ancien monde dont D. de Roux parle par ailleurs. Fin du monde de la beauté – de la féerie, de l’enfance. Les masses déspiritualisées, dépoétisées sont maudites écrivait Louis-Ferdinand.

Cet ouvrage de Dominique de Roux avec les 2 numéros des Cahiers de l’Herne a fortement contribué à ce que l’oeuvre de Céline témoin indispensable de ces années charnières dans l’histoire de l’humanité ne soit pas enterrée avec lui. Il l’a fait avec la seule approche qui restait possible tant la polémique sur Céline était brûlante, une approche de l’homme, une approche non pas analytique mais poétique et il a réussi ce qui paraissait impossible rendre au plus grand romancier du XXème siècle sa place d’écrivain. On peut désormais penser ce que l’on veut de Céline, il reste incontournable.



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