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Le culte des morts et des mânes dans Ville Cruelle
lundi 26 mai 2008 par Nadia Bouziane

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Le culte voué aux morts et aux mânes est important dans la civilisation africaine. Les mânes sont considérés comme des génies qui peuvent être bons ou mauvais. Ils ont aussi le pouvoir de revenir hanter la vie des vivants.

Dans Ville Cruelle, dès l’incipit, Banda proclame son respect pour les morts. Sachant le refus de sa mère pour son mariage avec une femme aux mœurs légères, il prévient celle-ci qu’elle n’a rien à espérer de lui et qu’il respecterait le vœu de sa mère même après sa mort.

« Je ne désobéirai pas à ma mère, même morte. Les morts sont toujours là parmi nous. » (Ville Cruelle)

Ceci n’est pas la seule allusion aux mânes. Après la série d’échecs de Banda : la vente de cacao, l’impossibilité d’avoir la dot pour sa future femme, la mort de Koumé…, il est persuadé qu’une force occulte s’acharne contre lui.

« Mon père mort et qui m’entend m’est témoin que ce n’est pas ma faute : j’ai fait ce que j’ai pu. »

Les chercheurs africains notamment Pierre Nvieva et Théodore Tsala prétendent qu’il y a deux catégories d’esprits : les minkug et les bitsimba. Ces derniers sont des esprits maléfiques. Leur intervention est toujours fatale pour les hommes. Le projet de sauver Koumé a échoué à cause de leur acharnement sur Banda. Il est persuadé que les morts s’immiscent dans sa vie et celle des autres vivants. Le naufrage de Koumé et les difficultés de Banda sont dues à des forces mystérieuses et maléfiques.

« (…) ça devait arriver ; c’est sûr que ça allait se produire. Quelqu’un s’acharnait après lui ; quelqu’un prenait plaisir à contrecarrer tous ses projets. » (Ville Cruelle)

Cependant, la force des minkug, génies bienfaisants, peut contrecarrer celle des bitsimba. N’ont-ils pas intercédé pour Banda puisqu’il a trouvé une grosse somme d’argent dans la poche de Koumé et touché la récompense pour la valise du grec ?

« Les morts ne sont-ils pas toujours présents là, aux côtés des vivants ? Ne les voient-ils pas ? Ne se mêlent-ils pas à eux dans leur existence ? (…) c’est curieux, il avait toujours pensé que son père finirait par faire aussi quelque chose pour lui. Et voilà que c’était arrivé. » (Ville Cruelle)

Banda, bien qu’ayant reçu une éducation chrétienne, croit que les morts interviennent dans la vie des vivants.

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Messages

  • Mes encouragements pour l’effort que vous avez fait pour faire de la critique littéraire. Je suis un amateur de la critique et je viens de découvrir ce site.J’espère que je pourrai me faire lire.Mon regard se porte sur la forme de votre critique. Il faut un peu corser le style : il est écrit dans un français courant et je le trouve trop simple

    • slu c,est tres sympa ce que vous faites mais il ya une partie que je ne trouve pas le(mariage dans ville cruelle) la partie est tres importante pour moi. merci

    • Bonjour,
      Vous vous intéressez au mariage dans « Ville cruelle » ? Il serait difficile de le traiter dans le cadre de cet article qui est centré sur le culte des morts. S’il est explicitement dit que les morts interviennent dans la vie des vivants car l’on retrouve des cas où leur intervention se révèle bénéfique pour une mère de famille :
      "Or, une nuit, dans son sommeil, elle reçut la visite de sa belle-mère et de son mari, tous deux morts. Ils lui indiquèrent comme médecine pour soigner l’enfant, une herbe […] Au lever du jour, la mère, la mère soûle d’espoir, découvrit effectivement l’herbe […] Le petit garçon fut ainsi arraché à une mort à peu près certaine." (P. 171)
      ceux-ci ne sont pas directement sollicités pour le mariage qui est régi par des coutumes entretenues par les anciens qui s’en servent pour garder une certaine main-mise sur la vie des gens : la dot, le veuvage etc sont bien l’affaire des vivants. Il faudrait ainsi tout un autre travail pour développer les aspects du mariage dans le roman en se reférant à l’organisation et au fonctionnement de la société bëti dont il est question.
      Ceci consistera à déterminer ce que le mariage représente (un des quatre principaux critères pour être considéré comme un homme), quelle place il occupe dans le roman, comparer les procédures chez Banda (avec dot) et dans le village d’Odilia (sans dot), s’interroger sur la symbolique de ce village qui n’est pas géographiquement situé et où Banda et Odilia sont mariés et vivent heureux.

      Vous pourriez orienter votre réflexion dans ce sens et vous retrouver en fin de compte avec de la matière pour un mémoire...

      Le thème évoqué ici nous semble trop important pour qu’on s’en écarte et mériterait d’être approfondi. Le caractère sommaire de l’article ne permet pas de cerner la cosmogonie et le contexte global de l’organisation de la vie chez les bëti qui est une symbiose avec l’univers. Ce qui permettrait de comprendre la place des ancêtres, des morts ainsi que les entités (evu) mentionnées. Des réactions allant dans le sens du développement de cet univers seraient d’un grand apport pour que la contribution ci-dessus ne reste pas dans le domaine des croyances mais participe à l’appréhension du fonctionnement d’une société dont le roman constitue une sorte de chronique.

      Tout en saluant l’intérêt que Nadia Bouziane porte à Mongo Beti alias Eza Boto et tout particulièrement à son premier roman, nous espérons que des contributions viendront en appui à ces sujets de réflexion qu’elle propose.

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