Pour son tout premier roman édité (en fait le second qu’il ait écrit), Marin Ledun entraîne le lecteur dans l’atmosphère irrespirable grenobloise, au milieu d’un vieux quartier ouvrier. Un inspecteur alcoolique, plusieurs disparitions d’enfants, une ancienne fabrique squattée par des polonais et vouée à être livrée aux promoteurs immobiliers, tout dans ce récit concourt à créer une ambiance obscure à souhait qui, associée à un climat particulièrement pesant, ne laisse pas indifférent. L’enquête policière est décrite avec minutie et dessine petit à petit le profil du kidnappeur avec une grande objectivité. De même, la peinture des différents personnages qui composent le petit monde de « Modus Operandi » est précise et parfaitement maîtrisée. La capacité de l’auteur à se glisser dans la peau des principaux acteurs du roman, qu’ils soient inspecteur, professeur d’anglais ou tortionnaire pédophile, est étonnante et contribue largement au suspens omniprésent tout au long de la lecture. Il convient d’ailleurs de noter que certaines scènes, notamment celles du jeune garçon en proie à ses réflexions face à son agresseur, peuvent éventuellement heurter certaines sensibilités.
« Modus Operandi » n’est pas simplement un bon roman policier. A travers une enquête sur la disparition de trois enfants, Marin Ledun décrypte les ravages de l’alcoolisme. Ce trait de caractère particulier attaché au personnage principal a pour effet de rendre plus humain ce dernier, en proie lui aussi à ses doutes, et bien loin du cliché traditionnel de l’inspecteur usé qu’on rencontre trop souvent dans cette catégorie d’écrits.

Marin Ledun est né en 1975 en Ardèche. Il est docteur en sciences de l’information et de la communication., musicien, peintre et ultra-marathonien.