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Un Homme de Passage - Serge Doubrovsky
dimanche 26 juin 2011 par Anne Bourrel

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Grasset, janvier 2011

L’écrivain et universitaire Serge Doubrovsky a inventé le terme d’autofiction en littérature dans les années soixante dix. Dans tous ses livres, depuis le Monstre (Plus de 2599 pages, jamais publié à ce jour) jusqu’à son tout dernier, (548 pages seulement) Doubrovsky met sa propre vie en écriture.

Dans « Un homme de passage », SD est en train de faire le tri dans son appartement new-yorkais qu’il quitte définitivement pour prendre sa retraite à Paris. Au fil de l’écriture, il se laisse guider par les morceaux de mémoire qui s’attachent à chacun des objets qu’il a entassé, bibelots, lettres, photos, au cours de cinquante années passées aux Etats-Unis.

Le roman est construit comme un puzzle existentiel. Doubrovsky n’écrit pas de journaux intimes, car il ne note pas au jour le jour. C’est après coup qu’il réinvente, à partir de souvenirs réels. Dans ses livres, « la matière est strictement autobiographique et la manière, strictement fictionnelle ». L’écriture est lancinante, serrée, rapide et donne une impression d’immédiateté qu’il s’agisse des moments les plus lointains de son passé comme des années contemporaines. Doubrovsky travaille la langue littéraire, il la malaxe, la triture, et la ciselle. Il joue avec les allitérations, les jeux de mots et les blancs du texte. La respiration est toujours haletante mais énergique, surtout ici dans les premiers chapitres qui concernent le déménagement. Le rythme de la marche saccadée et rapide qui est caractéristique des romans comme FILS (1977) est ici toujours présente bien que plus lente, plus apaisée.

Dans « un Homme de Passage » Doubrovsky qui est né en 1928, embrasse tout le vingtième siècle. Il revient aussi sur ses lectures et sur l’écriture de ses livres, particulièrement sur Le Livre Brisé qui l’a rendu célèbre en 1989 et qui coïncide avec la mort tragique de son épouse Ilse.

Ce départ d’Amérique, où il a vécu cinquante deux ans préface le grand départ. Sourd au dernier degré, devenu impuissant, Doubrovsky s’accroche à la vie, il ne la lâche pas. Il continue de lire, de s’informer, de marcher à travers Paris (même à petits pas, ses promenades quotidiennes sont toujours intenses). Remarié à soixante quinze ans à une femme de trente ans plus jeune que lui, il continue d’être un résistant de l’existence, toujours plein d’énergie vitale.

« La vie derrière soi, c’est là que j’en suis (…). J’ai du mal à envisager ma mort qui approche. Pas envie, peu pressé de retourner au néant. Ce n’est pas que j’en aie peur. La mort n’est rien, retour au rien. Malheur, j’aime être. »

L’autofiction telle que la pratique Doubrovsky n’est pas nombriliste. Son œuvre, d’une grande puissance dans son autocentrement même, demande à être comparée à celle des plus grands. Ses maîtres, Proust et Sartre, au premier chef, ou ses pairs, Claude Simon aussi bien que Philip Roth.



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