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Journal d’outre-mort - Jeanne Bresciani

Jusqu’à ce que les pierres fondent

mercredi 6 octobre 2010 par Agathe

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L’écrivain Maxime Desroches vient de mourir. Vanina, qui fut son amante et sa « fille spirituelle », parvient à lui redonner une sorte de vie, par la grâce magicienne de l’écriture : tant que la pensée du disparu subsiste et anime sa main, cette existence est sauvée d’une errance cruelle « au bord du Styx, rivière de l’enfance », et l’amante-médium en arrive même à susciter une communication entre lui et une amie chère, rappelée elle aussi à une existence « outre mort », où peut s’établir un dialogue entre les esprits des personnes qu’elle a aimées. Jeanne Bresciani, par son écriture étrangement élégiaque, réussit à susciter le sentiment d’une double présence, celle de l’en-deçà et de l’au-delà de la mort, en utilisant un procédé d’une simplicité apparente : l’alternance, soulignée par un changement typographique, du « vrai journal » de Vanina, la survivante hantée par la disparition de ses amours, et du « journal posthume », en italiques, de Desroches. L’amour et la mort se mêlent dans une sorte de danse macabre hallucinée, parfois proche de l’extase mystique : si la perfection de l’amour terrestre est manquée, l’écriture demeure, comme un témoignage du rêve d’un monde parfait, où disparaîtraient les dissonances et les discordances que l’écrivain se plaît à souligner, avec une ironie et un humour parfois cruels. Le « secret » évoqué par Vanina apparaît peu à peu comme la « fleur dans le tapis » chère à Henry James. On peut penser aussi à Virginia Woolf, notamment à cause de l’acharnement de l’auteure à préserver « son lieu à soi » (en l’occurrence, les maquis déserts et enchantés de la Corse, où apparaît aussi la figure du père, dans une lumière d’orage), condition de la création littéraire : les intrus disparaissent, chassés du lieu de l’évocation précieuse entre toutes, où le mort et la vivante poursuivent un dialogue fragile, mais pérenne : l’ami n’a-t-il pas évoqué, autrefois, une amitié « jusqu’à ce que les pierres fondent » ?

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