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Les armoires vides - Annie Ernaux
mercredi 29 septembre 2010 par Louise de Ravinel

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Histoire de honte, histoire de colère, de solitude. Denise Lesur, étudiante tout droit sortie de la faiseuse d’anges, égraine les souvenirs pendant que le ventre se tord, que le sang coule. Ses parents tenaient le café-épicerie : « ce n’est pas rien, le seul dans la rue Clopart(…)De la clientèle à gogo, qui remplit la maison, qui paie à la fin du mois. » Petite reine parmi les enfants du quartier, elle est heureuse, vautrée sous les tables à éventrer les paquets de bonbons, à se moquer des ivrognes, aux yeux pervers, qui pissent dans la ruelle. A la tête de son monde, fière, elle porte sur ses parents un regard admiratif : « mon père, il est jeune, il est grand, il domine l’ensemble. C’est lui qui détient la bouteille(…) »Quand se produit alors le glissement ? C’est-ce que la narratrice, à travers l’écriture hachée d’Annie Ernaux, tente d’expliquer, de s’expliquer : « voir où commence le cafouillage ». Car avec l‘école libre, Denise découvre qu‘elle n‘est la reine de rien du tout. Loin de la rue Clopart, elle prend conscience de l‘autre monde, dominant, rieur.« La voix puissante » de la mère, aimée, respectée, se transforme petit à petit en fardeau, une voix de commérages de quartier, d’expressions populaires, qui ramène sans cesse la narratrice à son milieu, à sa honte. Denise Lesur tord le cou de la détermination sociale et s’accroche à son rang de première de la classe mais ne s’en sort pas de cette haine, progressive. Haine envers le père, la mère, les clients du commerce, mais aussi envers les filles de l’école, les étudiants petits bourgeois, et finalement envers elle-même. Seule, de l’un ou de l’autre côté de la barrière, la narratrice traîne sa culpabilité et la pousse jusqu’à son maximum : l’avortement, la douleur physique, est son ultime punition pour avoir détesté ses parents.

Sublime de sincérité, d’oralité, l’écriture d’Annie Ernaux, qui utilise alors encore une narratrice, fait exploser la douleur de la déchirure sociale.

Louise de ravinel

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