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Délivrances - Noann-Lyne - Ed. La Plume Noire, 2010
vendredi 26 mars 2010 par Josy Malet-Praud

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Un recueil de quatre nouvelles abritées par une très élégante couverture noire, joliment glacée avec, comme une fenêtre qui s’ouvre ou qui se ferme, la photographie d’une aurore ou d’un crépuscule sur la mer ? … C’est à vous d’en décider.

En quatrième de couverture, l’auteur annonce la couleur : elle est –noire-, il va vous parler de la mort. Petit ou grand frémissement, léger ou profond malaise. La mort, persona non grata dans nos sociétés occidentales où les désirs vaniteux d’éternité l’emportent sur la raison naturelle et l’intelligence.
Car en effet, si certains la nie purement et simplement en plongeant la tête dans le sable comme le font les autruches, si d’autres tentent d’apprivoiser l’angoisse du néant qui s’y rattache en philosophant : « La mort fait partie de la vie…C’est dès la naissance qu’on commence à mourir ; dès le premier souffle, la vie n’est rien d’autre qu’une mort en sursis… » ; et si enfin, d’autres se rassurent, les yeux vissés sur le paradis ou la résurrection, il faut bien avouer que la mort n’a rien d’anodin et qu’elle nous obsède tous.
La mort est un tabou, anxiogène à souhait, quelle que soit l’idée qu’on s’en fait. L’auteur en est parfaitement conscient qui, en préambule, prend soin d’avertir le lecteur : « le livre est déconseillé aux âmes sensibles, etc. ».

On sait à quoi s’attendre ?

Pas tout à fait. Car s’il s’agit en effet de nouvelles qu’on peut qualifier de - sombres - en référence au thème et aux mille raisons dramatiques et/ou douloureuses qui peuvent pousser l’homme à choisir de partir plutôt que de tourner en rond, on découvre vite que l’auteur propose un autre regard : la mort, non plus comme fatalité dramatique à laquelle tout un chacun tente vainement d’échapper, mais comme un départ programmé, désiré, réalisé comme un ultime voyage où l’espérance est loin d’être absente. Un départ pour autre chose, un projet personnel apaisant.

Certains objecteront qu’il s’agit là d’une dangereuse incitation à l’autolyse. Un remake de « Suicide, mode d’emploi » ? Non, l’auteur ne pousse personne à rien et ne révélera ni les dosages adaptés, ni la composition du cocktail lytique idéal.
Ce n’est pas ainsi que j’ai perçu les nouvelles de Noann-Lyne. Manifeste en faveur de l’euthanasie ? Peut être, en un sens. Affirmation du libre-arbitre ? Sûrement. On nait sans choix et sans raison, on peut décider de partir avec raison. Les personnages de « Délivrances » font ce choix et abordent le grand départ le cœur plutôt léger, l’espérance et la paix chevillées à l’âme.

Ces nouvelles sont exceptionnelles par les réflexions assumées qu’elles supposent, la liberté d’expression et le courage dont l’auteur doit faire preuve pour aborder publiquement de telles questions. Il le fait avec tendresse, tact et pudeur. Un auteur profondément humain, doté d’une grande sensibilité, qui sait ici s’adresser au lecteur, sans racoler, choquer ou provoquer, sur un sujet dérangeant, habituellement morbide, effrayant, et pour autant, inéluctable.

L’écriture de Noann-Lyne est précise, justement dosée, extrêmement sensible et belle. Un style personnel séduisant et convaincant. Un recueil destiné aux esprits non hermétiques, lucides et heureusement curieux des choses de la vie.
J’ai beaucoup aimé.

Josy Malet-Praud/03-2010

Quelques extraits :

…« Longtemps, le rêve m’a transporté comme une sorcière sur un balai. Il me permettait d’escalader les airs, de fuir la chair. Enfermé en moi-même, je faisais des échappées qui m’emmenaient loin, dans des territoires frais, créés à la fois par des souvenirs et des fantasmes. »…

…« J’ai écarté les paupières timidement. Elles pesaient une tonne. Il me semblait que je n’avais plus ouvert les yeux depuis un siècle. J’ai entr’aperçu une lumière aveuglante et crue, d’une tout autre nature que la voûte céleste. Celle-ci ressemblait au demi-jour ouaté qui baigne l’horizon à l’aurore. Je me suis demandé s’il fallait se réjouir ou s’alarmer »…

…« C’est un lieu où la terre et la mer rivales se rencontrent, se toisent et se mesurent avant de se tourner le dos. Les bruits de la marée envahissent l’esprit. L’écho de la civilisation meurt. Il n’y a plus que la houle, le reflux des déferlantes qui perdent la vie sur les plages avant de renaître, continûment. Au bout de ce bout du monde, la terre s’oublie… ».



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