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Siamoises - Patrick Dao-Pailler
vendredi 4 février 2011 par penvins

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Le Vampire Actif 2009

Y a-t-il amour plus fusionnel que celui de deux sœurs siamoises ? jusqu’au jour où l’une d’elles tuera l’amour, mais laquelle ? Jusqu’au jour où il faudra envisager le divorce, oui, mais avec un ou deux avocats ?

Roman superbement maitrisé que ce roman de Patrick Dao-Pailler qui met en scène la bipolarité et fait réfléchir à ce que pourrait être une société d’Hommes Simplex,

Cet acte est le premier acte d’une série d’actes révolutionnaires destinés à rompre toutes les paires et à préparer l’avènement de l’homme Simplex. tel est le mot d’ordre du GAAHS.

Autour de ce sujet simple, la relation entre deux Siamoises qui n’ont pas d’espoir de se faire opérer, l’auteur joue et s’amuse, multipliant les changements de style voire de mise en page avec sans doute l’espoir de nous perdre dans son labyrinthe, de nos faire oublier qu’il s’agit de nous et qu’il s’agit de lui.

Autour du mal-être des Siamoises, il tisse une mise en cause de tous les binômes, une interrogation sur cette universelle propension que nous avons de tout vivre par deux, de toujours nous chercher un frère ennemi et invente avec humour un Groupe d’Action Armé pour l’Homme Simplex qui réclame ‘la dissolution progressive de tous les binômes artificiels : juge/avocat, victime/bourreau, bourgeois/prolétaire, mari/femme, beau/laid tant lui paraît néfaste cette recherche d’Un double, à aimer et à haïr qui tous nous anime. La situation des Siamoises n’est que le paradigme de notre propre aliénation : Ils nous vénèrent pour cela, pour ce que nous représentons : l’hypernormalité. Nous ne sommes pas dans les marges, mais pile au centre.

Patrick Dao-Pailler met le doigt sur ce qui fait la caractéristique essentielle de nos sociétés et envisage a contrario une société où l’homme ne vivrait plus par deux. On pense tout naturellement aux couples et plus encore au couple homosexuel que sont les Siamoises comme si aucune autre forme de vie en société n’était possible.

Mais on ne peut également s’empêcher de penser en lisant ce roman à ce qui se passe dans la tête d’un homme (ou d’une femme) lorsque, ayant vécu un amour fusionnel, la haine s’immisce dans le couple jusqu’à ce que s’impose le meurtre de l’amour et la nécessité de faire appel à la Justice pour un divorce qu’il soit aux torts de l’un ou de l’autre – avec deux avocats comme il est ici envisagé un moment – ou aux torts partagés, voire par consentement mutuel, l’un et l’autre choisissant de ne faire appel qu’à un seul défenseur comme le feront finalement Adina et Lucy : Un seul avocat pour elle et moi, voilà ce que je désirais le plus. constate Lucy.

Les similitudes sont nombreuses entre la situation banale du divorce et ce que vivent les deux sœurs unies entre elles pour le pire et le meilleur.

Deux pistes intéressantes sont proposées l’une en exergue de la première partie … we herewith give a short sketch of our live to satisfy these desires, l’autre en exergue de la seconde : Je vous déclare unis par les liens du mariage.

Mais Patrick Dao-Pailler, j’allais écrire Duo-Pailler ! ne se livre ici à aucune confidence, en scientifique qu’il est, il expérimente une situation, reste à distance, en fait un jeu, de sorte que le particulier devient universel et que nous nous demandons pourquoi nous aussi nous sommes tellement attachés à vivre par deux.

On remarquera avec intérêt la théorie de l’épuisement du docteur Dondon, dont il est dit qu’elle n’a pas été mise en œuvre lors du procès des sœurs Siamoises, ne permettant sans doute pas que soit dévoilée la vérité de ce roman ! Force et faiblesse de ce qui pourrait apparaître comme un passionnant exercice de style mais cache sans doute tout autre chose au creux de la relation entre une Lucy sentimentale et une Adina plus intellectuelle. Le jeu reste ouvert, s’adressant à sa sœur Lucy dit : Je voudrais te comprendre. Je voudrais t’épouser, devenir toi. Bel exemple d’amour fusionnel s’il en est. Paradoxe absolu pour une sœur qui jamais ne pourra se défaire de celle qui lui est attachée.

Un roman qui donne à réfléchir.



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