Julien  GRACQ

Cercle de lecture
Août 2007

Littérature
20e siècle

« Le rivage des Syrtes

    Julien Gracq, de son vrai nom Lucien Poirier, est né en 1910 à  Saint-Florent le Viel sur les bords de la Loire, près de Nantes où il vit aujourd'hui.
    Après quelques années en pensionnat, il poursuit ses études au Lycée Henri IV à Paris, puis à l'Ecole Normale Supérieure et l'Ecole libre des Sciences Politiques.
Agrégé d'histoire, il enseigne à Nantes, Quimper et Paris et publie en  1937 son premier livre « Au château d'Argol »..
    En 1951, le prix Goncourt lui est attribué pour « Le rivage des Syrtes », mais il le refuse par  mépris de certains milieux littéraires parisiens.
    Considéré souvent comme
le plus grand écrivain contemporain, il est le seul auteur à avoir été publié de son vivant par la collection  La  Pléiade.

   « Le rivage des Syrtes » (éditions José Corti 1951) est le plus complexe et le plus célèbre des romans de Julien Gracq, « rêverie sur le temps et l'histoire ».
Il se situe dans un lieu imaginaire en déclin, la principauté d'Orsenna, tel Venise au seuil de son crépuscule final.
  Le héros, Aldo, à la suite d'un chagrin d'amour, se fait affecter par la Seigneurerie dans une forteresse sur le rivage des Syrtes, pour surveiller le pays du Farghestan, l'ennemi de plusieurs siècles, replié sur le rivage d'en face :

« Les plaisirs perdus d'Orsenna me laissaient sans regrets…Cette vie dénudée s'offrait clairement, dans l'évidence de son inutilité même, à quelque chose qui fût digne de la prendre…
Je rivais mes  yeux à cette mer vide, où chaque vague, en glissant sans bruit comme une langue, semblait s'obstiner à creuser encore l'absence de toute trace, dans le geste toujours inachevé de l'effacement pur…
Je rêvais d'une voile naissant du vide de la mer ».

  Aldo est attirée par Vanessa la fille d'une riche famille d'Orsenna, dont le chef, le vieil Aldobrandi, a été condamnée à l'exil pour troubles et complots; Vanessa montre le même tempérament volontaire et aventureux que son père :
   
« Les choses, à Vanessa, étaient  perméables. D'un geste ou d'une inflexion de voix merveilleusement  aisée, et pourtant imprévisible, comme s'agrippe infaillible le mot d'un poète, elle s'en saisissait avec la même violence amoureuse et intimement consentie qu'un chef dont la main magnétise une foule.
    « Je l'aimais en silence, sans souhaiter qu'elle me devînt plus proche, et comme si sa main pensive et immatérielle n'eût été faite que pour ordonner dans un lointain indéfiniment approfondi la perspective de mes songes … Vanessa desséchait tous mes plaisirs, et m'éveillait à un subtil désenchantement; elle m'ouvrait des déserts, et ces déserts gagnaient par tâches et par plaques comme une lèpre insidieuse ».