Saltatempo,  Stefano Benni

 

Stefano Benni dresse dans Saltatempo un émouvant portrait de l’Italie d’après-guerre. Tout commence lorsque un jeune homme rencontre chemin faisant un être fabuleux qui lui offre un cadeau pas comme les autres: une bimontre, un instrument magique qui permet de visionner des scènes du futur ou du passé. C’est ce privilège qui vaudra au garçon le surnom de «Saltatempo» (littéralement: celui qui peut sauter à travers le temps). Le conte de fées se mue ensuite en chronique de vie d’un petit village transalpin. Au sortir des années cinquante, les habitants y vivent encore sereinement, en communion avec la nature. Mais les temps changent à vitesse grand V: la quiétude de la vallée est menacée par les conflits d'intérêts, la spéculation immobilière, le trafic automobile et la pollution. La communauté se divise alors en deux camps d’importance à peu près égale: les irréductibles «anciens», qui résistent encore et toujours aux tentacules d’un progrès destructeur, et les «modernistes», alléchés par l’odeur de l’argent facile, réalisé à coup de déboisements et d’exploitation humaine. Saltatempo adhère, on s’en doute, au camp des valeurs de ses ancêtres et porte haut les couleurs de l’honnêteté, de la créativité et de l’amitié. Et comme toujours chez Benni, le bien triomphe du mal. Ce roman poétique constitue en tous les cas une formidable bouffée d’oxygène, un galvanisant appel à la résistance au pouvoir de l’argent et de la bêtise humaine. Un autre monde est définitivement possible! 

 

Florent Cosandey, 26 mars 2007