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Splendeur de Fawsi - Bernard Sichere
par Alice Granger

Bienvenue Société Nouvelle des Editions Pauvert.


A ciel ouvert et à jardin ouvert, en Tunisie comme nulle part ailleurs, Sidi-Bou-Saïd, Ami../dossierpdf/Sichere.pdfe, l'auteur retrouve en été 1967 et pour toujours l'origine homosexuelle de tout amour. Une Apparition dans toute sa Splendeur provoque son énamoration, Fawzi avec son corps si sensuel, qui l'invite avec sa fleur de jasmin à l'oreille. Depuis cet été-là, irrésistiblement fidèle à cet amour, devenu un Fidèle d'amour, jusqu'à la mort de Fawzi plus de trente ans après, et pour l'éternité.
Bernard Sichère entend les sourates, Allah et le Coran, à travers ce corps si singulier de Fawzi et son Nom qu'il prononce. Par Lui arrive à la Lumière un corps qui restait invisible en Europe, qu'il reconnaît immédiatement par l'énamoration, qui le concerne au plus haut point, qui incorpore sa vérité, qui la met dans un corps autre que le sien qui vit dans la pleine et splendide lumière, dans les jardins du paradis tunisien. C'est lui comme il ne s'est jamais incorporé, et c'est un autre juste là qui lui fait de l'œil avec sa fleur de jasmin, à portée de mains, plus charnellement et sensuellement mère que sa mère européenne.
On a l'impression, en lisant, qu'en effet par la sensualité de son corps s'offrant autant au regard qui le reconnaît qu'au désir qui se l'incorpore que l'auteur, qui a vingt-trois ans lorsque cette énamoration spéciale, initiatrice, commence, peut vivre pour son propre compte ce que le jeune Tunisien a pu mieux que lui, à cause de la culture coranique, vivre avec sa mère. Le corps du jeune Tunisien, de chaque jeune garçon Tunisien, dans sa sensualité capable de provoquer l'énamoration de tous ceux qui sont en manque d'inscription de ce premier amour avec la mère, qui reconnaissent ça au quart de tour, chacun de ces touristes, hommes ou femmes, Suédoises, Allemands, Américaines, Français, tous tombant en amour, est un corps passeur, initiateur, ramenant à ce premier temps de l'amour, homosexuel pour les garçons et pour les filles, un corps qui montre encore à ciel et jardin ouverts les soins sensuels de la mère qui le rendent splendide, contagieux, désirable. Les mères et les filles, ensembles, par leurs soins et leurs rires derrière les volets bleus clos de la si blanche Sidi-Bou-Saïd, veillent sur le corps sensuel des jeunes hommes qui s'offrent à l'énamoration initiatrice à ciel ouvert. Ensuite, plus tard, par le mariage, ces garçons reviennent à elles, tandis que l'énamoration inoubliable perdure, comme entre l'auteur et Fawzi, comme une amitié amoureuse. C'est en effet frappant de voir que ces jeunes Tunisiens reviennent aux femmes après un épisode initiateur homosexuel qui semble se développer en histoires à ciel ouvert surtout avec des hommes (mais aussi des femmes) venus d'ailleurs retrouver un amour qui ne peut qu'ici arriver à la lumière, sans culpabilité.
Ensuite, il arrive quelque chose d'important aussi. Cet amour initiateur s'en va, entouré de femmes qui sont comme des mères, comme celles qui entourent Fawzi en train de mourir, l'ange Gabriel dans un bruissement d'ailes prend congé, c'est un accouchement à l'envers. Dans la douleur, que le Coran interdit de traiter. Comme s'il fallait que la perte, la séparation, se vive elle-aussi après l'énamoration initiatrice.
C'est avec beaucoup de finesse que l'auteur se distingue de Michel Foucault, qui allait lui aussi en Tunisie à la même époque, et qui disait des jeunes Tunisiens que c'étaient de jeunes animaux. L'énamoration de Bernard Sichère étonnait Foucault. Enamoration essentielle, pourtant.
Impression que l'auteur est allé chercher sous d'autres cieux, en Tunisie, et dans la culture coranique, quelque chose qui lui a permis de vivre jusqu'à son terme une histoire d'autrefois avec sa mère, jusque-là pas vraiment entrée en gestation, et qui peut ensuite retourner, comme un accouchement à l'envers, une fois inscrite comme unique, dans l'ailleurs. On entend qu'avec la mort de Fawzi c'est quelque chose qui se conclut, d'unique, et qui servira ensuite comme référence, comme unité de mesure pour chaque nouvel amour. Compte tenu du fait que des femmes entrent en scène à la fin de ce livre, au moment où Fawzi disparaît.

Alice Granger 

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