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Tu me trouves comment ? - Nathalie Kuperman
par Alice Granger

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Editions Gallimard.


Dans ce roman, où l'impression de fermeture et d'ennui se fait forte en lisant, la crise d'adolescence de Cyrille, fille de presque quinze ans au prénom de garçon (comme si ce prénom voulait crier de l'univers des filles, des femmes et des mères que ce serait différent si on était un garçon, mais on est des filles pour l'éternité et de génération en génération se transmettant le même ennui) entre en résonance et symbiose avec le sourd malaise des femmes seules restant entre elles, veuves, divorcées ou célibataires, de grand-mère à mère et à fille.
Cyrille tourne en rond, seule avec sa mère divorcée d'avec son père, sa relation avec sa mère est ambiguë, à la fois elle désire la séparation, s'en aller, et qu'elle la traite comme son petit bouchon, mais cette relation tendre avec sa mère est, dit-elle, sale, sale pour dire incestueuse, l'inceste n'étant finalement qu'avec la mère pour la fille aussi. Contradiction. Fille attachée de manière contradictoire à sa mère, sourdement jalouse quand elle surprend un homme de passage dans son lit, mère allant à la dérive mais attachée à sa propre mère qui régimente tout et cependant boit un peu trop. Crise d'adolescence comme pour essayer d'introduire un grain de sable dans la transmission de mère en fille. Cyrille apprend que son père va avoir un enfant avec une autre femme, et aussitôt elle imagine que ce sera un garçon…Cyrille qui n'en peut plus que personne ne s'intéresse à elle, ne la voit, elle, différente, lui dise " Tu me trouves comment ? ", peut-être parce qu'elle-même n'a pas encore compris qu'elle doit admettre une relation de laquelle elle est exclue, qui est, dans ce roman, celle de sa camarade de classe Sarah avec Andrew, garçon de sa classe dont elle est amoureuse, Andrew auquel elle doit renoncer, la première chose impossible dans sa vie, peut-être, le premier sevrage, cet impossible qui n'avait pas pu s'inscrire avant du fait du divorce de ses parents, divorce qui avait empêché qu'elle se sente en dehors de la relation de ses parents, que quelque chose ne la regarde pas et donc accomplit un sevrage, une coupure du cordon ombilical.
A la fin du roman, partant en train rejoindre sa grand-mère dans le Sud, elle rencontre un garçon qui a l'air de la voir, tout simplement. Mais il s'appelle Cyril. Alors, comme si c'était une bizarre image dans le miroir, Cyril le garçon image de Cyrille la fille, elle ose le non, non elle n'a pas envie de le revoir. La crise adolescente a l'air de se conclure ainsi. Plus qu'indétermination entre garçon et fille, l'androgynie des premières années de la vie, à laquelle il semble que la jeune fille de quinze ans dit adieu.

Alice Granger 

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