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Les cendres de mon avenir - Eric Faye
par Alice Granger

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Etrange roman, qui se lit d’une traite, pour vite connaître le dénouement.

Derrière l’histoire qui est racontée, celle de deux homonymes, deux Solange Brillat, dont l’une, âgée, atteinte de maladie incurable, envoie à l’autre beaucoup plus jeune une coupure de journal relatant un événement de son enfance, lui téléphone sans personne au bout du fil, sans laisser de message sur le répondeur, nous lisons l’histoire du dénouement d’une relation de clonage type mère-fille.

La jeune Solange Brillat mène son investigation pour savoir qui l’appelle de cette cabine téléphonique comme un détective privé très spécial, mais cela l’entraîne jusqu’à un stade très précoce de la vie, jusqu’à cet état de symbiose entre la mère et la fille, jusqu’à cette sorte de secret de maman qui est le secret de la naissance de la fille, cette fille qui arrive pour réaliser ce que la mère n’a pas pu, ceci représenté par la jeunesse de la fille face à la mère identique à sa fille mais vieillissante, mais condamnée. La fille se voit comme elle sera vieille en voyant sa mère représentée dans le roman par son homonyne Solange Brillat. Nous avons lu ce roman ainsi. Comme le lent mais sûr récit d’un sevrage de la relation en symbiose entre mère et fille, de la séparation originaire. Jusque-là, finalement la jeune Solange Brillat, célibataire et menant une vie sans relief, n’était que le clone de sa mère alias Solange Brillat qui la représente vieille, et si elle continue ainsi sa vie est tracée, le vieillissement est en marche, elle n’est que la répétition de cette homonyme, de celle dont elle est issue par clonage pour réaliser ses rêves, être elle en mieux. La vie ne peut être sacrificielle, dans le style de la Solange Brillat âgée qui meurt pour mieux faire briller son clone, sa fille dans l’éclat idéal de la jeunesse, qui n’imagine réussir sa vie que par délégation de ses désirs sur sa fille, qui a une fille pour ça. Ceci est une erreur de calcul, si la jeune Solange Brillat accepte cela, elle va vite vieillir, dans une morne répétition.

Mais la jeune Solange Brillat, en se voyant dans ce miroir mortel, comprend qu’elle doit non seulement accepter la disparition de la Solange Brillat âgée qui meurt comme une mère se sevrant de sa fille, mais aussi la disparition d’elle-même dans sa modeste vie. Elle disparaît en laissant tout, papiers d’identité y compris, mais avec une valise de billets de banque que lui a laissée l’autre Solange Brillat. La disparition de cette figure maternelle, clonale, archaïque, c’est cela qui est la richesse de sa nouvelle vie qui commence. Richesse qui vient de la coupure du cordon ombilical, permettant l’investissement ailleurs, de se tourner enfin vers les autres choses, nouvelles, imprévisibles, pas encore écrites. Ainsi, ce roman parle d’une figure maternelle qui donne à la fille quelque chose qu’elle n’a pas, qu’elle ne maîtrise pas ni ne programme, quelque chose qui n’est pas la répétition programmée de ce qu’elle-même a eu ou bien désiré, quelque chose qui est absolument nouveau, imprévisible, renouvelé. Cette mère donne à la fille ce qu’elle n’a pas, ni n’en rêve, l’amour donne ce qu’il n’a pas. Et en effet, ce roman ne donne pas d’images ni d’indications sur la nouvelle vie de Solange Brillat. Ces images sont inconnues, elles sont à venir.

Alice Granger-Guitard

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