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Premiers pas, premiers gestes - Henriette Bloch
par Alice Granger

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Editions Odile Jacob.

"S'ouvrir le monde demande du temps", écrit Henriette Bloch à propos des jeunes enfants qui s'y emploient dès leur naissance. "S'ouvrir le monde", c'est une expression remarquable, qui implique que le nouveau-né est d'emblée actif, qu'il s'engage dans une action en vue d'un but, ceci d'une manière qui dépend du degré de maturation sensorielle, corporelle, cérébrale et de ses expériences successives dans ce monde qui s'ouvre. Dès ses premiers mois, le jeune enfant semble avoir une activité cognitive.
Que l'enfant s'ouvre le monde, devienne géomètre, impliquerait de s'éloigner de l'idée selon laquelle l'enfant en naissant serait en symbiose, en harmonie avec le monde (Gibson), comme s'il suffisait alors d'acquérir les différentes maturations sensorielles, musculaires, corporelles, cérébrales pour que ce monde harmonieux soit effectivement à portée de mains.
Quelle attitude vis-à-vis de l'enfant suggère la lecture de ce livre? Celle de l'humilité. Rester humble devant le fait que c'est le tout jeune enfant qui se lance dans la conquête de l'espace, que c'est lui qui se l'ouvre et qui nous indique où il en est et nous suggère qu'il est vain de vouloir anticiper pour lui, que ceci risque au contraire d'émousser sa curiosité. L'écouter, au contraire. Ne lui fournir des indices, des stimulis nouveaux, que lorsque lui-même manifeste une nouvelle compétence, qui peut être en relation avec une maturation corporelle, par exemple la position assise, la marche.
Est très intéressante aussi, dans ce livre, la notion d'objet. Dès son jeune âge, l'enfant développe une action, qui est au début très limitée, en vue d'atteindre un objet, proche puis lointain, caché, nouveau, ceci dans l'organisation progressive, par étapes et apparemment non d'une manière linéaire, de l'espace.
A propos de cet objet, se pose la question du centre, pour l'enfant. Piaget dit qu'on passe d'un égocentrisme à un allocentrisme. Or, écrit Henriette Bloch, une référence allocentrique, à l'extérieur, semble aussi pouvoir exister dès les premiers jours, ce qui implique qu'il ne va pas de soi que le bébé se place comme centre, comme origine de chaque relation à l'extérieur. Comme si, dès les premiers jours, le jeune enfant était capable de percevoir l'objet extérieur, l'objet qui se jette devant lui, proche puis plus lointain, caché, inconnu.
Cette nouvelle perspective, qui s'écarte d'un égocentrisme de départ, est extrêmement intéressante, et permet peut-être d'envisager très différemment la relation à l'enfant, non plus dans le sens d'une symbiose à faire perdurer, mais dans le sens de rencontres sur le chemin que parcourt cet explorateur qu'est l'enfant.

Alice Granger

 

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